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Une fois n'est pas coutume

Photo du rédacteur: Renouvo DemokratikRenouvo Demokratik

Michel Legros, Sitwayen pou Respè Konstitisyon

* Écrit le 10/09/2024, reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur.




Le "Blanc" a dans sa sacoche deux projets pour Haïti. Le premier vise à sa destruction, afin de légitimer une mission militaire de maintien de la paix coûteuse qui permettra à certains acteurs internationaux de s'enrichir. Nous y sommes déjà plongés : 300 millions de dollars ont été dépensés en un trimestre pour un effectif de 380 soldats, alors qu'il devait en compter 2 500, et la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMS) est déjà à sec. Posons-nous la question: qu'ont-ils fait de cet argent ? En tout cas, Blinken veut encore renflouer les caisses avec 45 millions de plus qui partiront tout aussi vite en fumée. Que les misères d'Haïti sont rentables pour les requins !

Le second projet concerne les élections. Elles auront bel et bien lieu, qu'elles soient "chanpwèl", "pike kole" ou "bouyi vide", ainsi que nous désignons nos élections truquées ; peu importe au "Blanc". De toute façon, elles ne seront pas les premières de ce genre, mais, comme toujours, nous en subirons les conséquences pour les 15 ou 20 ans à venir, comme cela s'est produit depuis 1957.

Si, face à cela, nous opposons une résistance passive faite de dénonciations stériles et d'abstentions – par exemple en ne désignant pas de représentants au Conseil Électoral Provisoire, dans le but de renverser ce Conseil Présidentiel de Transition pour le remplacer par une autre entité, même moins absurde – c'est que même les bénéficiaires n'ont pas compris les intérêts qui les ont placés au pouvoir, ni les raisons de la création de cet organe aujourd'hui décrié.

La MMS en Haïti représente une étape cruciale dans la dynamique internationale concernant le pays. Le fait que les États-Unis et les Nations Unies envisagent de transformer la MMS en une mission de maintien de la paix relève d’une anticipation logique, non d’une surprise. Ce développement est la conséquence directe d'une série de manœuvres diplomatiques complexes, où la mission actuelle sert de tremplin pour une intervention plus substantielle sous l'égide de l'ONU. Cette tentative de transformation est une évolution attendue. António Guterres, secrétaire général de l'ONU, a bataillé pour une mission de maintien de la paix, mais le véto russe au Conseil de sécurité a limité les options disponibles. L'accord actuel, qui ne relève pas du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, est donc une solution intermédiaire. Cependant, il était évident que cette mission temporaire devait préparer le terrain pour une intervention plus intégrée, similaire à la MINUSTAH (Juin 2004 - Octobre 2017). Lorsque la coalition américano-onusienne a constaté qu'elle n'obtiendrait pas une mission de l'ONU, elle s'est résignée à une mission internationale autorisée par le Conseil de sécurité, ne relevant pas du Chapitre VII. Pour les Américains et Guterres, la MMS n'est pas encore une victoire, mais un premier pas vers l'objectif souhaité. En attendant, le duo Guterres et l'administration américaine ne fait pas la fine bouche. Chez nous, on dirait : « Lè w pa gen manman ou tete grann », signifiant qu’un enfant sans mère est allaité par sa grand-mère. La MMS, telle que définie, n'est que partie remise. L'objectif a toujours été une nouvelle MINUSTAH, au budget annuel de 600, 700 ou 800 millions de dollars pendant 10, 15 ou 20 ans. Les Haïtiens devraient voir dans la réussite de la mise en place d'un Conseil présidentiel de 7 membres votants et 2 membres non votants – pour remplacer Ariel Henry – un compromis international qui a permis un partage du pouvoir, mais non un précédent à rééditer. Cette structure a été une concession internationale : de l'herbe dans la bouche de l'âne pour qu'une fois le ventre plein, il ne se plaigne pas, et une fois la bouche occupée, il ne hennisse pas de chamailleries constitutionnalistes, patriotiques ou autres contre cette lucrative mission de maintien de la paix, préparée de main de maître par Michele Sison, ambassadrice des États-Unis en Haïti, et Helen Lalime, cheffe du Bureau Intégré des Nations Unies (BINUH). Il faudrait être lunatique pour envisager de réutiliser les mêmes méthodes de lobbyisme auprès du "Blanc" et de ses mandataires pour imposer une nouvelle structure de pouvoir.

Il est des moments où, contre toute attente, une idée saugrenue ou une entreprise manifestement hasardeuse semble porter ses fruits. Ce triomphe inattendu peut donner l'illusion d'avoir découvert une recette infaillible, une formule secrète capable de défier la rationalité. Pourtant, ce n'est pas parce qu'une absurdité a réussi une fois qu'elle est vouée à se reproduire et à devenir un modèle à suivre.

Nous avons souvent tendance à surestimer l'importance de nos réussites alors qu'elles relèvent du hasard. Il est facile de se laisser emporter par la satisfaction immédiate d'un résultat fortuit, d'oublier l'élément aléatoire qui l'a accompagné, et de croire qu'il s'agit d'une stratégie à répéter.

C'est le comble de la folie de penser maîtriser l'art de réussir malgré des décisions irrationnelles. Une telle illusion peut mener à des erreurs coûteuses. Marx a bien dit que l'histoire se répète parfois sous forme de farce, mais il n'avait pas prévu le cas où deux farces se succéderaient.

Réfléchir aux raisons pour lesquelles une stratégie ou une idée a fonctionné, ou non, permet de distinguer ce qui relève du hasard de ce qui est dû à la compétence. Il est essentiel pour les dirigeants haïtiens de ne pas transformer un coup de chance en habitude, car, comme le dit l'adage, "une fois n'est pas coutume", et répéter une absurdité qui a réussi une fois est souvent le meilleur moyen de s'assurer de futurs échecs.

En résumé, la tentative de reproduire des triomphes passés dans des contextes politiques changeants comporte des risques importants.

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