L'Amérique ferme les portes, les gangs ouvrent les tombes
- Renouvo Demokratik
- 15 juil.
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Dernière mise à jour : 15 juil.
Par: Novavox, Notre Éditorial.-

L’exil n’a jamais été un choix. Pour des milliers d’Haïtiens, c’est une fuite, une tentative d’échapper à l’abîme. Mais alors que la violence gangrénée s’étend sur leur terre natale, l’Amérique choisit le rejet, le renvoi, l’indifférence. Elle referme ses portes avec fracas — comme pour effacer la responsabilité historique qu’elle porte dans l’effondrement d’Haïti.
À peine expulsés, les déportés haïtiens sont jetés dans la gueule du chaos. Ils n’ont pas de quartier sûr. Pas de gouvernement capable de les protéger. Ils n’ont même pas l’illusion d’un système judiciaire fonctionnel. Ce que l’on appelle “retour” ressemble davantage à une relégation vers la mort — lente ou brutale, mais toujours orchestrée par les armes des gangs et l’abandon des élites.
Et que dire des familles séparées, des enfants arrachés à leurs repères, des destins pulvérisés dans un corridor diplomatique sans humanité ? La peur n’a pas de nationalité. L’urgence, elle, ne tolère ni lenteur, ni cécité volontaire.
Ce crime sans bruit mérite des mots qui résonnent. Car refuser l’accueil à ceux qui fuient la barbarie, c’est coopérer avec leurs bourreaux. Et déporter sans stratégie humanitaire, sans coordination avec une structure étatique fonctionnelle, c’est signer des condamnations en bloc — un par un, nom après nom.
L’Amérique peut invoquer la loi. Mais aucune loi ne justifie l’expulsion vers un vide aussi meurtrier. Et aucun État ne peut se prétendre moral quand il renvoie des êtres humains vers des territoires où la tombe est plus certaine que le logement.
Les Haïtiens ne sont pas à la recherche d’aumônes. Ils ne quémandent pas. Ils réclament, légitimement, ce qui leur est dû : un regard qui reconnaît leur humanité, une politique migratoire qui intègre la mémoire coloniale, une solidarité qui transcende les intérêts géopolitiques.
Haïti ne demande pas la pitié. Elle exige la reconnaissance. Reconnaissance du rôle des puissances étrangères dans son effondrement. Reconnaissance de la valeur de ses enfants, qu’ils soient à Port-au-Prince, à New York, ou dans les limbes migratoires. Reconnaissance de sa résilience, de sa dignité, de son droit à la souveraineté. Et surtout : reconnaissance du droit de vivre.
Car dans chaque vol d’expulsion, dans chaque silence diplomatique, dans chaque frontière refermée, ce n’est pas seulement une population que l’on rejette — c’est un peuple entier que l’on nie.
Bonne nouvelle : l’heure du compte a sonné pour la politique migratoire cruelle de Trump
Ce qui fut jadis un levier électoral puissant devient aujourd’hui un fardeau politique. Les derniers sondages Gallup et YouGov révèlent un basculement historique : 79 % des Américains considèrent désormais l’immigration comme une bonne chose pour le pays, un record absolu. Même chez les Républicains, le soutien à l’immigration a bondi — de 39 % à 64 % en un an.
La rhétorique de la peur, les promesses de déportations massives, les raids de l’ICE et les politiques de fermeture brutale des frontières ne séduisent plus. 62 % des Américains désapprouvent la manière dont Trump gère l’immigration, dont 45 % qui expriment une désapprobation forte.
Et ce n’est pas tout :
Le nombre d’Américains souhaitant réduire l’immigration est passé de 55 % à 30 %3.
Le soutien aux voies de régularisation et de citoyenneté pour les sans-papiers atteint 78 %, avec une hausse marquée chez les Républicains.
Même les partisans de Trump montrent des signes de lassitude : 16 % des électeurs trumpistes disent avoir une perception moins favorable de lui depuis son retour au pouvoir.
Ce que Trump appelait “la plus grande opération de déportation de l’histoire” se heurte à une Amérique qui, peu à peu, retrouve sa conscience. Les sondages ne sont pas des verdicts définitifs, mais ils sont des baromètres : et celui-ci indique que la tempête morale commence à souffler contre les politiques migratoires brutales.
