Suppression du TPS : les Haïtiens répondent par une résilience et une résistance farouches
- Renouvo Demokratik
- 2 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 juil.
Notre Editorial.-
Par: Alain Zephyr, Sociologue

La cessation du TPS, prévue le 2 septembre, impacte près de 500 000 Haïtiens établis aux États-Unis. Cette mesure nourrit la crainte d’une crise humanitaire encore plus sévère, alors même que le département d’État déconseille tout déplacement en Haïti, frappé par la violence gangrenée et le chaos politique. En effet, la plus infime éraflure dans les droits des migrants haïtiens, la simple évocation d’une expulsion, si fugace soit-elle, assènent un nouveau coup à un peuple exsangue.
L’annonce de cette décision a catalysé un élan d’activisme , se traduisant par des manifestations aux quatre coins des États-Unis. De Miami à Boston, en passant par New York, la mobilisation pour le maintien du TPS gagne en ampleur. Un même cri unit toutes les voix: justice et dignité pour des migrants qui ont contribué à la vitalité économique et sociale des États-Unis.
Brooklyn, berceau vibrant de la résistance haïtienne
Au Barclays Center de Brooklyn, le 28 juin 2025, l’indignation haïtienne a trouvé un écho flamboyant lors du concert Bayo de Michael Brun, où artistes haïtiens et étrangers ont embrasé la scène devant des milliers de fans pour célébrer la richesse de la culture haïtienne.
Cette soirée a transcendé la simple performance musicale : tambours vaudou, cadences kompa et rythmes caribéens se sont mêlés aux messages de solidarité et de dignité portés par la diaspora. Dans les gradins, chaque note vibrait comme un appel à la justice, rappelant que l’expression artistique peut être un puissant vecteur de mobilisation et de fierté communautaire.
Dans le fracas des convulsions haïtiennes et de la précarité du statut TPS, Bayo et ses fans ont mis à profit ce concert pour sublimer la beauté de notre culture et rappeler à chacun la puissance de notre solidarité.
Plus qu’un simple concert, ce rendez-vous s’est fait écrin de la fête et de la revendication, prouvant que la culture haïtienne demeure à la fois un précieux patrimoine et une arme pacifique face à l’injustice.
Cette communion a étendu ses échos au-delà des frontières, rapprochant la diaspora et ses alliés – Caribéens d’adoption, Européens enthousiastes et Afro-Américains solidaires – autour d’un même message. Dans une atmosphère électrisante, l’art et la mémoire ont fusionné pour rappeler que la résilience haïtienne ne se contente pas de survivre : elle s’illumine et se réinvente à chaque note.
De la première mesure au dernier accord, cet événement musical est devenu le porte-voix de notre engagement et de notre dignité, lançant un appel fervent à la justice et attestant de la vigueur indomptable de notre résistance.
Silence diplomatique, jubilation meurtrière
Tandis que la décision brutale de mettre un terme au TPS ébranle les Haïtiens et éveille en eux une quête irrépressible de justice, le CPT et son ministère des Affaires étrangères se réfugient dans un mutisme glaçant, preuve manifeste de leur échec et de leur disqualification.
De leur côté, les terroristes de Viv Ansanm, à l’instar de Lanmò San Jou, ovationnent la mesure américaine et annoncent qu’ils se déploieront, armes prêtes à rugir, pour accueillir les éventuels déportés.
Cette situation se révèle comme la démonstration la plus éclatante que l’administration américaine, le CPT et les gangs sont les piliers d’un même dessein criminel, dont le peuple haïtien constitue la victime expiatoire. Par leur alliance tacite, ces trois acteurs coordonnent leurs intérêts au détriment de notre souveraineté : l’une, en fermant les portes de l’espoir sous prétexte de sécurité ; l’autre, en muselant toute voix diplomatique susceptible de dénoncer ces choix ; et les derniers, en instaurant la terreur sur le terrain. Imprégnés d’une convergence occulte, ils tissent la toile d’un projet odieux qui prive la nation haïtienne de sa dignité et hypothèque son avenir.
Ensemble jusqu’à la confirmation définitive
Nous appelons l’ensemble des organisations, associations et personnalités engagées en faveur du maintien du TPS et de la protection des familles haïtiennes à conjuguer leurs efforts et à coordonner leurs actions. Il est indispensable de prolonger la mobilisation et de maintenir la pression sur les autorités compétentes jusqu’à ce que le caractère définitif de ce statut de protection soit officiellement et irrévocablement confirmé.
À l’heure où nous écrivons, le juge fédéral Brian Cogan (district de Brooklyn) a suspendu l’arrêt anticipé du TPS décidé par le Department of Homeland Security, estimant que ce dernier n’avait pas l’autorité légale pour écourter la protection avant le 3 février 2026. Cette victoire juridique provisoire démontre avec éclat que la conjugaison des recours judiciaires et de la pression citoyenne peut infléchir des décisions arbitraires. Elle souligne également la nécessité de pérenniser cet élan : seule une mobilisation assidue, renforcée par un engagement collectif déterminé, garantira que les droits des bénéficiaires du TPS soient véritablement préservés et que leur avenir, ainsi que celui de leurs familles, ne demeure plus jamais en suspens.

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