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Discours de l’Honorable Michaëlle Jean : Un Appel à l'Action pour Haïti

  • Photo du rédacteur: Renouvo Demokratik
    Renouvo Demokratik
  • 28 sept.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 oct.

Sommet sur les solutions : Haïti compte - Organisé en marge de la 80e Assemblée générale des Nations Unies - New York, 22 septembre 2025

- PC: Novavox-
- PC: Novavox-

Excellences, Distingués délégués, Chers collègues et amis,

Je vous remercie de l'honneur qui m'est accordé de m’adresser à cette assemblée, en un moment d’une gravité sans précédent pour Haïti. Votre présence ici revêt une signification profonde pour un peuple qui a vaillamment contribué à l’avancement universel des droits humains et de la liberté, mais qui se sent aujourd'hui douloureusement abandonné.


Haïti : Une Histoire de Résilience


Haïti est née d'une révolution qui a changé le cours de l'humanité. C'est une république forgée dans le rejet de la tyrannie et du racisme. Elle affirme avec courage les idéaux universels de liberté et de dignité humaine. Pourtant, cette même nation se trouve maintenant à genoux, confrontée à l’un des pires épisodes de son existence contemporaine.


Après pratiquement une décennie sans élections, le pays est sans aucune autorité élue. La population haïtienne croule sous le poids quotidien d’une insécurité extrême, d’une crise humanitaire aiguë et d’un effondrement presque total des institutions publiques.


État des Lieux


Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a été investi de la mission solennelle de rétablir l’ordre et de conduire le pays vers des élections crédibles. Hélas, il a échoué sur presque tous les fronts. Alors que son mandat prendra fin le 7 février 2026, Haïti se dirige dangereusement vers un vide institutionnel absolu, sans autorité légitime en place.


Face à cette perspective préoccupante, l’urgence de parvenir à une solution haïtienne, souveraine, inclusive et fondée sur un consensus suffisant, s’est imposée comme une nécessité impérieuse. C’est dans cet esprit qu’est né le CONGRÈS PATRIOTIQUE DE SAUVETAGE NATIONAL.


Cette initiative citoyenne a été portée par un collectif regroupant quinze des plus prestigieuses universités publiques et privées d’Haïti, ainsi que par la Haitian Studies Association. Ces institutions ont été rejointes par une vingtaine d’organisations issues d’une société civile plurielle et engagée.


Un Dialogue Constructif


Ensemble, ces institutions ont initié un processus de dialogue structuré, à travers la tenue de douze congrès : dix congrès régionaux, un congrès de la diaspora et un Congrès National de Synthèse. Ce vaste exercice de concertation a réuni une grande diversité d’acteurs politiques, sociaux, économiques, institutionnels, universitaires, ainsi que des centaines de citoyennes et citoyens issus de tous horizons.


Pour la première fois, des voix nouvelles, en provenance du monde académique, des régions, de la diaspora et d’une intelligentsia longtemps restée en retrait du débat politique, se sont exprimées avec détermination. Elles s’affirment désormais comme des actrices pleinement engagées dans la construction de l’avenir de leur pays.


Les Avancées et les Défis


Depuis que j’ai prêté ma voix à la Déclaration du 27 mars 2025, des avancées majeures ont été enregistrées. Mais beaucoup reste encore à faire. Au fil des travaux en cours, quatre points majeurs de consensus se sont dégagés des échanges :


Premièrement, le constat d’échec du Conseil Présidentiel dans sa forme actuelle fait l’unanimité. Jugé trop lourd, trop coûteux, inefficace et peu crédible, deux principales alternatives de gouvernance émergent. D’une part, une version allégée et plus crédible du CPT. D’autre part, une option institutionnelle plus conforme à l’esprit de la Constitution, confiant la présidence de la transition à un juge de la Cour de Cassation.


Deuxièmement, un consensus s’est dégagé autour de la nécessité d’éviter toute précipitation ou rupture hasardeuse. Tout changement de gouvernance devrait s’opérer au terme prévu du mandat actuel, laissant le temps nécessaire à une planification rigoureuse.


Troisièmement, si le besoin de réformer la Constitution est largement partagé, le processus en cours est massivement rejeté pour son déficit de légitimité. Il apparaît impératif de repartir sur des bases nouvelles, avec une démarche pilotée par des autorités légitimes.


Quatrièmement, la sécurité et les élections demeurent les deux priorités absolues. Le rétablissement de la sécurité est une condition sine qua non à l’organisation d’élections démocratiques, libres et véritablement crédibles.


La Sécurité : Un Impératif


Si le Conseil Présidentiel en place venait à engager le processus électoral avant l’échéance de son mandat, ce geste pourrait être accueilli favorablement. Cependant, cela doit être fait de bonne foi, dans un environnement sécuritaire adéquat.


Sur le plan de la sécurité, les récentes intentions exprimées par la communauté internationale de déployer une force de suppression des gangs, sous mandat des Nations Unies, semblent marquer un pas dans la bonne direction. Cela traduit une prise de conscience stratégique : s’attaquer aux gangs en Haïti revient à cibler un maillon local essentiel dans la chaîne de puissants réseaux transnationaux du crime organisé.


Cependant, il est crucial de reconnaître que la population haïtienne est victime des atermoiements de la communauté internationale. Les forces de sécurité nationales, gravement sous-équipées, ne peuvent rivaliser avec les réseaux criminels transnationaux.


Un Appel à l'Action


Ce dont Haïti a urgemment besoin aujourd’hui, c’est d’une coopération militaire immédiate, sérieuse et durable. Cela inclut le renforcement significatif des capacités de ses forces nationales de sécurité, y compris la Police Nationale et les Forces Armées.


Excellences, chers amis,

Permettez-moi de conclure mes propos en saluant les efforts conjoints de Chatham House et de Global Canada. Je leur adresse mes sincères remerciements pour leur soutien à la quête d’une solution durable pour Haïti. Ce processus représente une voie réaliste vers la sécurité, les élections crédibles et le rétablissement d’une légitimité démocratique.


N'abandonnons pas Haïti. Unissons nos efforts. Agissons ensemble, avec détermination, et sans délai.

Je vous remercie.


Audio cover

1 commentaire


Yves Pierre
29 sept.

Le discours de l'Honorable Michaëlle Jean, dans sa rhétorique policée et son cadre institutionnel, représente l'énième tentative de réaménagement du système par ses propres bénéficiaires et leurs alliés internationaux. C'est une solution qui croit pouvoir sauver la République en court-circuitant le peuple, en confiant son avenir à des « sachants » et à des forces de sécurité renforcées.


En cela, il s'écarte résolument de l'idéal de Vertière, qui était un projet d'émancipation totale, fondé sur la capacité des esclaves insurgés à se gouverner eux-mêmes. Les véritables « voix nouvelles » dont Haïti a besoin ne viennent pas des amphithéâtres universitaires ou des palais de justice, mais des espaces d'auto-organisation populaire qui résistent quotidiennement à l'effondrement.

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