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Haïti, plaie vive d’un ordre diplomatique complice

  • Photo du rédacteur: Renouvo Demokratik
    Renouvo Demokratik
  • 30 sept.
  • 4 min de lecture

Par Novavox, Notre Éditorial.-

- PC: Novavox-
- PC: Novavox-

La 80e Assemblée générale de l’ONU, conclue ce 27 septembre à New York, a vibré au rythme d’une diplomatie stratifiée, où les promesses se heurtent aux intérêts, et où les silences pèsent autant que les discours.

Haïti, meurtrie depuis cinq ans, s’est imposée non par diplomatie mais par gravité. Elle est devenue une blessure ouverte dans le récit mondial, une faille que les discours ne peuvent recouvrir. Cinq années de chaos ont fait d’elle un miroir, non pas de solidarité, mais d’abdication. Et dans ce miroir, le monde se jauge, ou s’efface.

La stratégie américaine pour Haïti

À New York, la voix américaine a surplombé celle d’Haïti. Bien avant l’intervention de Laurent Saint-Cyr, président du Conseil présidentiel de transition (CPT), à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, l’ambassadeur des États-Unis en Haïti, Henry Wooster, avait déjà fixé le cap.

Lors d’un point de presse tenu au Foreign Press Center, Henry Wooster a exposé les priorités stratégiques de Washington pour Haïti : répression des gangs, sanctions ciblées, transition politique encadrée.

Il a salué la ratification par l’ONU d’une force multinationale cinq fois plus grande que les effectifs actuels, destinée à appuyer les autorités haïtiennes face aux groupes armés. Les États-Unis ont désigné les gangs comme organisations terroristes étrangères, révoqué plusieurs visas et promis des sanctions contre leurs soutiens financiers et politiques.

Sur le plan institutionnel, Wooster a rappelé que les membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) n’ont aucun mandat permanent, et que leur mission doit conduire rapidement à des élections libres et inclusives.

Ce n’était pas une simple déclaration diplomatique. C’était une feuille de route énoncée depuis l’extérieur, avant même que la voix haïtienne ne soit entendue. Une parole venue d’ailleurs, formulée avec autorité, installée au centre du récit avant que Haïti ne puisse articuler la sienne. Ce n’était pas un dialogue, mais une orchestration. Une mise en scène où l’ordre des priorités précède l’ordre des présences. Et dans cette scénographie, la parole haïtienne n’a pas été attendue, elle a été encadrée.

L’empereur est nu, et son agenda aussi

La stratégie annoncée par Wooster ne résout rien, elle recycle. Ce n’est pas une réponse à la crise, c’est la répétition d’un vieux scénario : répression, sanctions, transition encadrée. Un schéma déjà éprouvé, déjà échoué, mais réactivé.

Washington affiche une priorité nette : restaurer l’autorité de l’État face à l’emprise des gangs. Mais à trop miser sur la répression, on oublie que la stabilité ne s’impose ni par décret, ni par menottes, ni par bottes armées.

Qualifier Viv Ansanm et Gran Grif d’organisations terroristes peut sembler décisif. Sans réforme judiciaire, sans légitimité populaire, cette posture ne fait que renforcer un État sécuritaire hors-sol. Un État qui réprime les symptômes sans affronter les causes.

Le discours diplomatique se concentre sur la coordination institutionnelle, les dispositifs sécuritaires et les mécanismes internationaux, mais il reste silencieux sur la participation citoyenne. Aucune mention explicite de l’implication réelle des Haïtiens. Aucun engagement concret envers les quartiers, les communes ou les voix qui portent la crise au quotidien.

Imposer un agenda sans consultation populaire, c’est reconduire les logiques d’exclusion. C’est perpétuer un mépris structurel envers les acteurs sociaux, et laisser intact le vide institutionnel dans lequel prospèrent les réseaux de violence.

Sur le plan social, l’approche est technocratique : équipements, formations, logistique. Mais rien sur l’emploi, rien sur les écoles, rien sur les services publics. Rien qui parle aux jeunes pris dans l’étau de la précarité. Rien qui répare.

Sortir de l’impasse exige plus qu’un plan de sécurité , il faut un projet de société. Un dialogue national réel, des projets de relance à l’échelle des quartiers, un mécanisme de suivi transparent et populaire. Faute de quoi, la stabilité promise ne sera qu’un mirage… au bruit des bottes, sous le regard des drones, et dans le silence des urnes vides.

L’alternative ne s’écrit pas dans les chancelleries, elle se forge dans la rue, là où le peuple vit, lutte et refuse.

Au vu et au su de ces atermoiements diplomatiques, de ces manœuvres sans courage ni cap, qui ne font que prolonger la souffrance du peuple haïtien, l’heure n’est plus à l’attente , elle est à la rupture.Il appartient aux progressistes, aux patriotes, aux forces populaires de se concerter, de s’unir, de se mobiliser, non pour quémander des solutions mais pour les imposer. Doter le pays d’une alternative crédible et souveraine n’est pas un luxe, c’est une urgence vitale. Une alternative capable d’arracher Haïti à l’étau de la répression sans vision, de la diplomatie sans dignité et des élites sans mandat. La paix ne se décrète pas depuis les institutions internationales, elle se construit par le dialogue, la justice et la légitimité populaire !

Il faut bâtir, non une façade institutionnelle, mais une société démocratique réelle, fondée sur la justice, le progrès et la souveraineté populaire . Une société qui ne se contente pas de survivre sous tutelle, mais qui se relève, s’affirme et refuse le mépris. Car sans mobilisation populaire, sans projet enraciné dans les quartiers, les communes, les voix oubliées, la crise ne se résorbera pas. Elle se perpétuera, au bruit des bottes, dans le silence des urnes, et sous le regard indifférent des chancelleries.


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