Haïti : Lumpens intellectuels, chaos organisé et faillite d’une transition impériale
- Renouvo Demokratik
- 7 sept.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 sept.
Par : Par Jacques Charlemagne,
Membre du Réseau des Organisations de la Zone Ouest (ROZO),
et d'Efforts Solidarité pour Construire une Alternative Nationale et Populaire (ESKANP).

« Ô mon pays, si triste est la saison, qu’il est venu le temps de se parler par signes. »
— Anthony Phelps
Dans la débâcle actuelle d’Haïti, deux forces se renforcent mutuellement : une intelligentsia dévoyée qui légitime l’ordre dominant, et des gangs armés transformés en instruments d’ingouvernabilité, tous deux soutenus — tacitement ou ouvertement — par les forces impérialistes.
Le chaos comme projet politique
En Haïti, les gangs ne sont plus de simples délinquants marginaux. Ils forment aujourd’hui une architecture du chaos et une ingénierie de la terreur. Cette structure est conçue pour bloquer tout élan populaire et étouffer toute alternative de souveraineté.
Cette dynamique n’est pas accidentelle. Elle est le fruit d’une stratégie impérialiste : désintégrer l’État, effacer les repères collectifs, puis imposer des solutions fabriquées à l’étranger.
Le silence complice, voire l’applaudissement, de certaines instances internationales est flagrant. En témoignent les propos de María Isabel Salvador (et précédemment Helen La Lime), représentantes de l’ONU, saluant la « fédération » des groupes armés comme un « dialogue potentiel pour la paix ». Une logique inacceptable : normaliser la violence au nom de la stabilité, comme si Haïti devait négocier son avenir avec ses bourreaux.
Haïti comme Gaza : un peuple sous siège
La situation actuelle en Haïti ressemble de plus en plus à celle de Gaza.
Population prise en otage
Quartiers entiers livrés aux groupes armés
État effacé, hôpitaux fermés, écoles détruites, famine organisée
La différence ? À Gaza, l’occupant est clairement identifié. En Haïti, il agit sous couvert diplomatique, humanitaire ou institutionnel.
Lumpens intellectuels : les gestionnaires du désastre
Face à cette crise, une nouvelle couche sociale prend le relais des anciennes élites : les lumpens intellectuels. Ils ne viennent pas du peuple, mais parlent en son nom.
Ils n’ont pas de vision émancipatrice, mais s’installent confortablement dans la gestion de la misère, alimentée par les ONG, les agences internationales, et les postes de « transition ».
Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) incarne cette dérive. Assemblé sans légitimité populaire, il sert à donner une façade légale à une occupation douce, pendant que les véritables centres de pouvoir se trouvent à Washington, Ottawa ou New York.
Et maintenant ?
La seule voie possible est celle d’une rupture.
Refuser toute transition imposée d’en haut
Délégitimer les gangs comme acteurs politiques
Rejeter l’impérialisme humanitaire qui alimente le chaos
Construire un cadre de gouvernance populaire, enraciné dans les forces vives du pays : syndicats, mouvements paysans, femmes, diaspora, quartiers populaires
Haïti est un pays en guerre. Mais ce n’est pas une guerre entre gangs. C’est une guerre contre l’idée même d’un peuple souverain. Le moment est venu non pas de composer avec la crise, mais de détruire les structures qui la produisent.












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