Sous les cendres du chaos, Barbecue brandit la paix — mais c’est la peur qui tient le flambeau
- Renouvo Demokratik
- 5 sept.
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Dernière mise à jour : 14 sept.
Par : Novavox, Notre Éditorial.-

Il avance, flambeau en main.
Mais ce n’est pas la lumière qu’il offre —
C’est l’ombre qu’il prolonge.
Chaque mot de paix qu’il prononce
Résonne comme un écho de cendre.
Il ne parle pas pour apaiser.
Il parle pour survivre.
Et dans le silence qu’il réclame,
Ce sont les morts qui protestent...
Jimmy Chérizier, dit “Barbecue”, ancien agent de l’ordre devenu architecte du chaos, s’érige désormais en messager de concorde. Dans ses récentes apparitions, il invoque l’unité, le dialogue, la paix Mais derrière cette conversion soudaine, une question demeure brûlante : Parle-t-il en homme transfiguré ou en fauve traqué ? Car à bien tendre l’oreille, ce n’est pas la paix qu’il invoque — c’est la peur qui s’infiltre, syllable après syllable.
Le théâtre de la rédemption
Barbecue ne parle plus en chef de guerre. Il parle en homme cerné. Depuis que les États-Unis ont mis sa tête à prix pour cinq millions de dollars, chaque mot semble pesé non pour convaincre, mais pour survivre. Il ne profère plus de menaces — il implore. Il ne revendique plus — il justifie. Il ne commande plus — il marchande.
Ce virage soudain vers la paix n’est pas un élan moral. C’est une stratégie de survie . Une tentative fébrile de se repositionner en acteur central, en faiseur de paix autoproclamé — dans un chaos qu’il a méthodiquement installé.
Ce n’est pas une métamorphose. C’est un camouflage. Ce n’est pas une conversion. C’est une manœuvre. Et dans ce théâtre de la rédemption, le rideau ne cache pas la scène — il l’expose.
Il faut opposer un refus net et sans équivoque à cette mise en scène où les architectes du chaos se drapent dans les apparats de la concorde. Il faut déjouer les travestissements où la peur se fait passer pour vertu, où la violence cherche à se requalifier en médiation. Le peuple haïtien ne peut se permettre ce carnaval de réhabilitation où les bourreaux valsent en faiseurs de paix. Il faut que la mémoire se lève, comme une marée, comme une luciole dans la nuit, comme un feu sacré dans les ruines. Il faut que la parole populaire refuse l’amnésie. Il faut que la vigilance devienne rempart.
Le paradoxe du bourreau pacifiste
Le discours de Jimmy Chérizier est traversé par une rhétorique de survie. Sous ses appels à la paix, on lit une stratégie défensive, saturée de signaux d’évitement et de repositionnement.
Il rejette la faute sur l’État, les élites locales et les puissances étrangères — et il n’a pas entièrement tort. Leur silence, leurs calculs et leurs complicités ont nourri le chaos. Mais en insistant sur leur responsabilité, il cherche aussi à minimiser la sienne, à faire oublier son rôle central dans la terreur.
Il se présente en victime d’un système corrompu, tentant de requalifier ses massacres en actes de résistance.
Il adopte un ton messianique, se compare à des figures de libération, pour masquer l’effondrement de son emprise territoriale.
Ce n’est pas la paix qu’il cherche. C’est la préservation. Barbecue parle comme un homme acculé, qui sent le sol se dérober sous ses pieds, et qui tente de transformer sa chute en envol. Son message d’unité ne relève pas d’une volonté de réconciliation, mais d’une opération de légitimation.
Il faut le reconnaître sans détour : Quand un chef de gang appelle à la paix, ce n’est pas un miracle. C’est un aveu. Un aveu de faiblesse, de peur, de perte de contrôle. Et c’est précisément là que réside le danger : car un prédateur blessé reste un prédateur. Et ses appels à la paix peuvent n’être qu’un leurre, une pause stratégique avant la prochaine offensive.
Contre le recyclage des bourreaux
Haïti, terre de rupture et de mémoire, ne peut tolérer que les mains tachées de sang se tendent en messagers de paix. Il faut déchirer le voile, comme nos ancêtres ont brisé les chaînes — sans compromis, sans illusion.
Haïti, c’est la terre qui a brisé l’ordre colonial, arraché sa liberté à l’empire, et vu ses tyrans tomber sous la pression de foules debout. C’est le pays où l’insoumission est matrice, où la dignité ne se mendie pas, où la résistance ne s’éteint jamais. De Dessalines à Charlemagne Péralte, de la résistance contre les Duvalier à celle contre les occupations déguisées, le peuple haïtien a toujours su reconnaître les masques du pouvoir — et les arracher.
Et c’est cette mémoire-là — indocile, inaltérable — qu’il faut rallumer. Non pour se replier sur le passé, mais pour en extraire la force nécessaire à un projet démocratique digne de notre histoire, de nos douleurs, et de nos espérances. Un renouveau démocratique à la hauteur de nos rêves, à la mesure de nos exigences de justice, de sécurité, et de mieux-être. Un projet qui ne pactise ni avec l’oubli, ni avec l’impunité. Un projet qui reconnaît les cicatrices, mais refuse les travestissements. Un projet porté par la mémoire active d’un peuple qui a su, à chaque époque, transformer la chute en soulèvement.













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