Saut-d’Eau chavire, Kenscoff craque, Dessalines flambe — et l’État s’évapore dans la chaleur du mensonge
- Renouvo Demokratik
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Dernière mise à jour : il y a 5 jours
Par : Novavox , Notre Éditorial.-

On pourrait tracer une carte d’Haïti rien qu’avec ses plaies. Elle serait faite d’eau noyée, de terre éventrée, de mémoire incendiée. Elle ne montrerait pas les routes ou les rivières, mais les fuites, les ravages, les silences. De Saut-d’Eau à Kenscoff, en passant par Dessalines, les gangs ne circulent plus sur le territoire — ils le sculptent, le règnent, le refaçonnent à coups d’assauts et d’abandons.
À Saut-d’Eau, l’eau bénite ne guérit plus ; elle supplie. Le sanctuaire devient gouffre, le sacré devient supplice. À Kenscoff, les collines ne protègent plus ; elles exposent. Les maisons sont incendiées, les corps déplacés, les cris étouffés dans l’altitude. À Dessalines, la ville qui porta la souveraineté brûle sous le regard détourné de ceux qui auraient dû défendre son nom.
Et face à cette cartographie du supplice, l’État fond — non pas en larmes, mais en stratégie. Il s’évapore, non pas parce qu’il est impuissant, mais parce qu’il est complice. La chaleur du mensonge ne vient pas seulement des braises laissées par les gangs : elle vient des discours creux, des condamnations timides, des politiques de diversion.
Haïti chavire par ses lieux . À chaque incendie, c’est une promesse trahie. À chaque déplacement forcé, c’est une géographie réécrite par la terreur. À chaque territoire cédé, c’est une part de souveraineté dissoute. cependant, On ne compte plus les territoires perdus, car le recensement du supplice n’a pas d’instance officielle. Ce qui s’organise, ce n’est pas encore la riposte : c’est l’effacement.
Combien encore faudra-t-il de cendres pour que la nation s’éveille ?
Combien de villages livrés aux flammes, Combien de familles arrachées à la nuit, Combien de territoires conquis sans combat — faudra-t-il encore compter avant que les indifférents et les inaptes ne soient sommés de céder la place ?
Combien d’espaces transformés en cendres, combien d’âmes délogées de leur histoire, combien de terres laissées à l’arbitraire faudra-t-il encore documenter avant que le peuple tout entier prononce son droit de rupture et dise enfin, d’un seul souffle : “Assez. Nous ne plierons plus.”
Combien de ruines faut-il encore, pour que les forces patriotiques et progressistes se réunissent enfin, dans l’exercice souverain de leur devoir, et présentent à la nation une alternative crédible, capable de rétablir la paix, et de redonner sens au mot sécurité ?
Combien de villages engloutis, combien de cris noyés dans l’indifférence — faudra-t-il encore entendre avant que les réservistes de la République soient habilités à sauver la barque nationale à la dérive ?
Le seuil n’est plus devant nous — il a été franchi. Et avec lui, le temps des questions s’est dissous dans la cendre. Ce n’est plus l’heure de l’attente ni du doute : c’est celle du soulèvement. La voix surgit du gouffre, s’élève au-dessus des ruines, et grave dans la poussière le serment des vivants.Et déjà, dans le feu qui couve sous les braises oubliées, s’élabore le projet qui rassemble, qui répare, qui redonne forme au nom de la République — et qui, dans l’ardeur de sa lucidité, appelle un véritable renouveau démocratique.
