top of page

L’ONU abat ses cartes et met la charrue avant les bœufs

  • Photo du rédacteur: Renouvo Demokratik
    Renouvo Demokratik
  • 8 juil.
  • 3 min de lecture

Par : Michel Legros,

Sitwayen pou Respè Konstitisyon

-PC: Novavox-
-PC: Novavox-
Men li fout !

Le 2 juillet 2025, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a nommé le Mexicain Carlos G. Ruiz Massieu nouveau Représentant spécial en Haïti et Chef du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). Il succède à María Isabel Salvador, dont le passage illustre bien le concept de fainéantise diplomatique.

M. Ruiz Massieu n’est pas un inconnu dans les cercles diplomatiques onusiens. Il vient de passer six années en Colombie, où il dirigeait la Mission de vérification de l’ONU, chargée de suivre l’application de l’accord historique de paix entre le gouvernement colombien et les FARC. Il a aussi joué un rôle dans les pourparlers avec l’ELN et d’autres groupes armés. Son profil est donc celui d’un médiateur expérimenté dans des contextes post-conflit, où le dialogue politique avec des forces autrefois hostiles est crucial.

Mais que vient-il faire en Haïti ? Quel accord de paix est-il censé superviser ? Car, à la différence de la Colombie, Haïti ne sort pas d’une guerre civile formelle. Elle a, sur fond d'une violence criminelle inouïe, basculé dans l’anarchie, avec l’implosion de l’État, l’expansion des groupes armés, l’effondrement de l’économie et la perte totale de confiance dans les institutions. Il n’y a pas ici de table ronde possible entre un gouvernement légitime et une opposition armée représentative : il y a un vide de pouvoir qu’une entité de transition imposée par des acteurs extérieurs, le Conseil Présidentiel de Transition, n’arrive pas à combler.

La nomination d’un diplomate spécialisé dans les processus de paix soulève bien des interrogations : faut-il désormais considérer Haïti comme un territoire en guerre ? Si oui, alors avec qui négocier la paix ? Y a-t-il des interlocuteurs légitimes pour ce faire ? Va-t-il falloir ouvrir des négociations avec les chefs de gangs ? Le BINUH, bras politique des Nations Unies, entend‐t-il faciliter un "accord politique" entre un CPT discrédité et des groupes armés responsables de crimes de masse ?

La dernière offensive de Viv Ansanm — qui a pris La Chapelle avant d’aller attaquer Lascahobas — n’est peut-être pas un simple épisode de plus dans l’effondrement en cours, mais bien un signal lourd de sens. Il pourrait s’agir d’un nouvel avertissement des Nations Unies à ceux qui persistent à refuser ce message constant, véhiculé depuis plusieurs années, soit par le biais d’intermédiaires haïtiens, soit par des canaux plus directs : il faut composer avec les gangs. Ces groupes armés, longtemps tolérés, parfois encouragés ou instrumentalisés, seraient devenus des interlocuteurs incontournables dans la perspective onusienne. Ce scénario, aussi cynique qu’inquiétant, suggère que la consolidation de leur pouvoir ne relève plus d’un aveu d’impuissance, mais bien d’un choix délibéré, assumé par ceux qui, tout en prétendant aider, pilotent le naufrage depuis l’ombre.

Dans un tel contexte, le mandat de Carlos Ruiz Massieu risque fort de dépasser le cadre habituel d’un accompagnement technique ou électoral. S’il est envoyé pour construire une paix durable, encore faut-il qu’existe une volonté sincère de stabilisation et d'en finir avec le chaos haïtien. Faute de quoi, ce ne sera qu’un échec supplémentaire de l’ingérence onusienne dans un pays Haïti devenu laboratoire d’expérimentations politiques.

L’homme des accords de paix en Colombie viendrait-il, en Haïti, arbitrer un accord d’impunité ? Ou vient-il tout simplement, après une si longue mission ininterrompue, bénéficier d’un congé sabbatique, comme cela se pratique parfois après six années de service ? Ses supérieurs savent bien qu’à l’impossible nul n’est tenu. Bien souvent, les postes diplomatiques en Haïti relèvent plutôt de la sinécure. En ce cas, la descente aux enfers risque de se prolonger encore plusieurs années.

Le plus sage serait de déclarer ce Monsieur persona non grata et de demander purement et simplement le retrait du BINUH.


Audio cover

Commentaires


Top Stories

Receive our analysis and perspectives directly in your inbox. Sign up for our weekly newsletter.

  • Instagram
  • Facebook
  • Twitter

© NONAVOX . Powered and secured by Wix

bottom of page