Haïti : Séquestrée par les architectes du chaos
- Renouvo Demokratik
- 13 août
- 3 min de lecture
Par: Jacques Charlemagne,
Membre de Réseaux d'Organisations de la Zone L´Ouest (ROZO) &
Efò ak Solidarite pou Konstriksyon yon Altènativ Nasyonal Popilè (ESKANP)

Ce mardi, les autorités fédérales américaines ont annoncé des poursuites contre Jimmy “Barbecue” Cherizier, ancien policier devenu chef du groupe armé Viv Ansanm, accusé d’avoir sollicité des fonds depuis les États-Unis pour financer des opérations violentes en Haïti. Une récompense de 5 millions de dollars est désormais offerte pour toute information menant à son arrestation.
Mais au-delà des charges, une question demeure : tournant judiciaire ou mise en scène diplomatique ? Car la crise sécuritaire en Haïti ne se réduit pas à la faillite des institutions étatiques. Elle procède d’une stratégie délibérée visant à maintenir le pays dans un état de dépendance chronique et d’instabilité organisée.
Notre analyse propose une lecture acérée de cette conjoncture, en exposant les responsabilités croisées — internes et externes — qui ont rendu possible l’ascension de figures comme Cherizier et l’enracinement de la terreur comme mode de gouvernance.
Une insécurité instrumentalisée

Les actes de violence, les enlèvements, les assassinats et les déplacements forcés de populations ne sont pas des événements isolés. Ils s'inscrivent dans une logique où l'insécurité devient un outil de contrôle politique et social. Cette stratégie vise à démobiliser la population, à empêcher toute organisation collective et à justifier des interventions extérieures sous prétexte de rétablir l'ordre. La stratégie du chaos.
Le rôle ambigu des acteurs internationaux
Les interventions de la communauté internationale, notamment de l'ONU et de l'OEA, sont souvent présentées comme des efforts pour stabiliser le pays. Cependant, ces actions ont souvent renforcé des gouvernements illégitimes et affaibli la souveraineté nationale. Les missions de sécurité n'ont pas réussi à démanteler les réseaux criminels, mais plutôt servir à maintenir un statu quo favorable aux intérêts étrangers.
L'ironie de l'embargo sur les armes
Il est paradoxal que les États-Unis imposent un embargo sur les armes destinées au gouvernement haïtien, tout en laissant transiter des cargaisons d'armes vers les gangs armés depuis la Floride. Cette situation crée un déséquilibre où l'État est désarmé face à des groupes criminels lourdement armés, alimentant ainsi l'insécurité.
Depuis le 11 septembre 2001, la sécurité des États-Unis est renforcée. Comment les armes arrivent-elles aux mains des gangs sans la complicité tacite de la C.I.A.?
Une complicité historique et structurelle
Les pays dits 'amis' d'Haïti, en complicité avec des élites locales, mafieuses et corrompues, poursuivent volontairement une politique visant à maintenir le pays sous domination étrangère et sous tutelle. Cette stratégie, héritée de l'histoire coloniale et post-coloniale, empêche le développement d'institutions fortes et autonomes, et perpétue un système d'exploitation au détriment de la population haïtienne.
Pistes pour une sortie de crise
Pour sortir de cette impasse, il est essentiel de :
Renforcer les institutions étatiques, notamment les forces de sécurité et réformer le système judiciaire.
Lutter contre la corruption et les complicités internes et externes.
Encourager la mobilisation populaire et la participation citoyenne dans les prises de décisions.
Développer une diplomatie souveraine, indépendante des influences étrangères.
Mettre fin au trafic d'armes en exigeant des comptes aux pays impliqués.
L’insécurité en Haïti n’est ni accidentelle, ni insurmountable. Elle émane d’une architecture d’exploitation, appuyée par des puissances externes et des élites mafieuses nationales. Mais ce système peut être renversé.
Haïti a besoin d'un projet national de renouveau démocratique et de rupture, bâti sur la légitimité du peuple, la justice sociale et une autonomie véritable.
L’insécurité en Haïti n’est pas une fatalité gravée dans la pierre ; elle s’effondrera quand convergeront une détermination politique sans faille, la force d’un peuple uni et la restitution entière de sa souveraineté.
Il est temps que le peuple haïtien reprenne son destin en main, en se dotant d’organisations autonomes pour édifier un avenir fondé sur la justice, la paix et la dignité.
Vigilance, organisation, solidarité : ce triptyque frappera les fers de la peur, de la dépendance et des ingérences étrangères, et libérera notre patrie.
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