Sous les voûtes de l’Assemblée nationale française, la revendication des mouvements sociaux haïtiens pour la restitution de la rançon de 1825 résonne avec force.
- Renouvo Demokratik
- il y a 8 heures
- 3 min de lecture
Par : NOVAVOX, Notre Éditorial.

Le 5 juin 2025, à l’occasion du bicentenaire de la rançon de 1825, la députée Gabrielle Cathala a prononcé devant l’Assemblée nationale française un discours qui a suscité une vive admiration. Par son éloquence et la force de son plaidoyer, elle a non seulement marqué les esprits, mais aussi renforcé la légitimité du combat des mouvements sociaux haïtiens pour la restitution de cette dette historique.
Gabrielle Cathala : Une voix législative pour la justice historique
Élue députée de la 6ᵉ circonscription du Val-d’Oise en juillet 2024 sous l’étiquette La France Insoumise, Gabrielle Cathala incarne un engagement franco-haïtien renouvelé. Juriste spécialisée en droit international, elle a travaillé en Haïti avec l’ONG ACTED entre 2016 et 2017, une expérience qui a nourri sa conscience postcoloniale et renforcé son engagement pour la justice historique.
Présidente du groupe d’amitié France-Haïti à l’Assemblée nationale, elle a déposé, le 7 avril 2025, une proposition de résolution (n° 1260) visant à instaurer une relation apaisée entre les deux nations par la reconnaissance de leur histoire commune
L'Insoumise Révoltée : quand Cathala fait trembler l'Assemblée pour Haïti.
Son plaidoyer s’articule autour de trois axes fondamentaux, mettant en lumière les injustices historiques, leurs répercussions contemporaines et la nécessité d’une réparation symbolique et matérielle.
La « double dette » imposée en 1825
Elle a rappelé comment la France exigea 150 millions de francs-or – soit 300 % du PIB haïtien– en échange de la reconnaissance de l’indépendance, sous la menace de 528 canons. Cet argent fut emprunté à des banques françaises, entraînant un endettement persistant jusqu’en 1952, absorbant jusqu’à 80 % des recettes fiscales haïtiennes au XIXᵉ siècle.
2. L’héritage colonial et ses conséquences actuelles
S’appuyant sur les travaux de Thomas Piketty, Cathala a souligné que sans cette dette, le PIB haïtien serait aujourd’hui comparable à celui de la République dominicaine. Selon elle, la France a ainsi contribué à réduire par six le développement économique d’Haïti, causant une spirale de crises se prolongeant jusqu’à l’occupation américaine (1915-1934), puis aux violences actuelles, avec 85 % de Port-au-Prince contrôlés par des gangs en 2025.
3. Un appel à la restitution symbolique et matérielle
S’inspirant de René Depestre, elle a conclu par une évocation poétique de la résistance haïtienne : « Peuple dévalisé [...] Nul n’osera plus couler des canons et des pièces d’or / Dans le noir métal de ta colère en crue », appelant à une réparation globale du passé.
Les lendemains Cathaliens : Éclats d’un renouveau en restitution
La prise de position de Gabrielle Cathala en faveur de la reconnaissance de la rançon de 1825 et de sa restitution a des implications profondes, tant pour la Commission franco-haïtienne que pour le combat des mouvements sociaux haïtiens.
Implications pour la Commission franco-haïtienne
Renforcement du dialogue institutionnel En mettant en avant la nécessité d’une « relation apaisée » entre la France et Haïti, Cathala pousse la Commission à adopter une approche plus proactive sur les questions de justice historique. Son plaidoyer pourrait inciter à des discussions officielles sur la reconnaissance de la dette et ses conséquences économiques.
Pression politique accrue Son intervention place la Commission face à une responsabilité accrue : elle ne peut plus ignorer les revendications des mouvements sociaux et des intellectuels haïtiens. Cela pourrait conduire à des recommandations plus audacieuses en faveur d’une réparation matérielle.
Réévaluation des relations bilatérales En inscrivant la rançon de 1825 dans le débat parlementaire, Cathala force une réévaluation des relations franco-haïtiennes sous un prisme postcolonial. La Commission pourrait être amenée à proposer des mesures concrètes pour rééquilibrer ces relations, notamment par des initiatives de coopération économique ou culturelle.
Implications pour le combat des mouvements sociaux haïtiens
Légitimation du combat pour la restitution En portant cette revendication au sein de l’Assemblée nationale française, Cathala confère une visibilité et une crédibilité accrues aux mouvements sociaux haïtiens qui militent pour la restitution de la rançon. Son discours renforce leur position et leur donne un levier politique supplémentaire.
Mobilisation internationale Son intervention pourrait encourager d’autres acteurs internationaux—ONG, universitaires, militants—à soutenir la cause haïtienne. En inscrivant cette question dans le débat public français, elle facilite une mobilisation plus large et une pression diplomatique accrue.
Encouragement à une stratégie politique plus structurée Les mouvements sociaux haïtiens pourraient s’appuyer sur cette prise de position pour affiner leur stratégie et exiger des engagements concrets de la part des autorités françaises. Cela pourrait mener à des actions plus coordonnées, telles que des pétitions, des campagnes de sensibilisation ou des négociations officielles.
En somme, la prise de position de Gabrielle Cathala agit comme un catalyseur pour la reconnaissance de la dette historique et la réévaluation des relations franco-haïtiennes. Elle offre aux mouvements sociaux haïtiens une tribune politique et une légitimité renforcée, tout en mettant la Commission franco-haïtienne face à ses responsabilités.
Appel pressant au Conseil presidentiel de transition(CPT) : Le peuple exige des actes, non du silence
Madame Cathala a eu le courage de briser un silence. Sa parole, nous la saluons. Mais cette parole, aussi nécessaire soit-elle, ne suffit plus. Elle met en lumière un vide assourdissant : le mutisme persistant et inacceptable de l'État haïtien lui-même.
Face à la descente aux enfers de la nation, face aux cris de souffrance et de colère de son peuple, l'État haïtien garde le plus grand mutisme. Ce silence n'est pas de la prudence ; il est coupable. Coupable d'indifférence, coupable d'absence, coupable de laisser le peuple se débattre seul dans un chaos dont les racines plongent aussi dans des décennies de mauvaise…
Je salue le courage et la lucidité de la députée Gabrielle Cathala dans son intervention à l’Assemblée nationale française. Son discours, puissant et bien documenté, rappelle une vérité historique que la France a tenté d’enterrer pendant deux siècles : Haïti a été pillée, humiliée et enchaînée par une dette fabriquée sous menace militaire. Cela mérite d’être reconnu. Mais reconnaissons aussi ceci : les mots ne valent rien sans actes.
Il serait dangereux de croire que l’éloquence parlementaire suffit à réparer une dette de plusieurs milliards, contractée sous le chantage des canons, et payée au prix de notre souveraineté. La restitution que le peuple haïtien exige n’est pas une faveur diplomatique, ni une réparation symbolique, ni un projet culturel. C’est une…