Radio Kiskeya à la croisée des tempêtes : entre héritage, soupçons et dignité en péril
- Renouvo Demokratik
- 15 nov.
- 3 min de lecture
Par: Jacques Charlemagne,
Membre de : ESKANP (Efforts Solidarité pour Construire une Alternative Nationale et Populaire), ROZO (Réseau des Organisations de la Zone Ouest) & RED (Renouveau Démocratique)
Pour que la parole libre demeure un acte de foi, et non une arme de discorde.Radio Kiskeya, une figure emblématique du paysage médiatique haïtien, traverse actuellement une période d’incertitude et de tensions internes sans précédent.
Ce texte propose une lecture critique et constructive du message public de Jean Marvel Dandin, directeur de la station, qui dénonce des menaces, des accusations et un climat délétère autour de la succession de la journaliste Liliane Pierre-Paul.
Loin de la polémique, cet article cherche à éclairer les enjeux éthiques, humains et institutionnels d’un conflit qui met en péril l’une des plus anciennes voix de la presse indépendante d’Haïti.
Un cri du cœur, mais aussi un signal d’alarme
Dans un pays où la voix des médias libres demeure l’un des derniers remparts contre l’effondrement moral, un cri d’alarme s’élève du cœur même de l’une de ses plus emblématiques institutions : Radio Kiskeya.
Jean Marvel Dandin, cofondateur et directeur de la station, vient de rendre publique une lettre bouleversante, empreinte de colère, de douleur et de mise en garde. Au centre du tumulte : un conflit interne mêlant accusations de diffamation, menaces à la sécurité et luttes de pouvoir autour de l’héritage moral et matériel laissé par la journaliste Liliane Pierre-Paul.
Entre héritage, droit et mémoire
Derrière l’émotion, se cache une réalité juridique complexe. Radio Kiskeya est une société anonyme (S.A.), dont la gouvernance obéit à des règles précises. La mort de Liliane Pierre-Paul, coactionnaire et figure de proue, a laissé un vide que les textes de loi peinent à combler. Le différend entre M. Dandin et M. Isaac touche autant aux enjeux pratiques de gestion qu’à la question de savoir qui peut légitimement incarner la mémoire de la station
Ce genre de conflit n’est pas rare dans les entreprises familiales ou collectives, mais ici, il touche à une institution nationale. Kiskeya n’est pas une entreprise comme les autres : c’est une voix, un patrimoine collectif, un repère dans la tourmente d’Haïti.
Une crise morale et symbolique
Ce qui se joue dépasse la simple rivalité personnelle. C’est la crédibilité d’une radio citoyenne qui vacille. C’est aussi la valeur éthique de la presse haïtienne qui se retrouve questionnée. Là où la rigueur journalistique exige prudence et transparence, la guerre des mots menace de se transformer en champ de ruines médiatique.
Car si M. Dandin a raison de dénoncer ce qu’il perçoit comme une campagne de déstabilisation, la publicisation brutale du conflit, dans un contexte aussi sensible, risque de diviser davantage et d’affaiblir la confiance du public.
Le besoin urgent d’un espace de vérité
L’urgence, aujourd’hui, est de ramener ce conflit sur le terrain de la légalité et du dialogue. Une médiation indépendante s’impose, menée par une figure neutre issue du milieu judiciaire ou médiatique. Un audit transparent de la gestion de la radio pourrait également apaiser les soupçons et rétablir les faits, loin des accusations publiques.
Car la vérité, dans ce genre d’affaire, ne se conquiert ni sur Facebook ni dans les studios d’indignation : elle se prouve, documents à l’appui, dans le respect du droit.
Reconstruire plutôt que détruire
L’histoire retiendra que Radio Kiskeya fut plus qu’une station : un phare. Les figures comme Liliane Pierre-Paul et Jean Marvel Dandin ont bâti, au prix de leurs vies parfois menacées, une institution où la liberté de parole avait un sens. Aujourd’hui, ce phare vacille, non sous les coups de la censure politique, mais sous les éclats d’une querelle intime.
Pourtant, il existe une sortie de crise
Faire taire la rumeur pour laisser parler le droit.
Ouvrir les livres pour apaiser les doutes.
Redonner priorité à la mission journalistique, celle de servir le public, et non les rancunes personnelles.
En guise de conclusion : sauver l’essentiel
Ce conflit, tragique et humain, ne doit pas devenir la tombe d’un héritage collectif. La presse haïtienne, déjà fragilisée par l’insécurité et la crise économique, ne peut se permettre de perdre l’une de ses dernières institutions de référence dans une bataille d’ego et de soupçons.
Il est temps que la vérité, la transparence et la mémoire l’emportent sur la rancune. Car au-delà des noms, des titres et des blessures, Radio Kiskeya appartient d’abord à la nation, à la vérité et à l’histoire.












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