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Quand voler devient une compétence d'État

  • Photo du rédacteur: Renouvo Demokratik
    Renouvo Demokratik
  • 4 mai
  • 4 min de lecture

Par: Hugue CÉLESTIN,

Membre de :Federasyon Mouvman Demokratik Katye Moren (FEMODEK)

Efò ak Solidarite pou Konstwi Altènativ Nasyonal Popilè (ESKANP).

Nous roulions un après-midi tranquille, le long de la verdoyante vallée de la Grande Rivière du Nord, sur la Nationale #3 ; un tronçon aujourd'hui complètement défoncé. La route, pourtant paisible, bordée d'arbres et chargée de souvenirs paysans, semblait suspendue dans une douce monotonie. Mais en approchant de Carrefour Ménard, une agitation soudaine attira notre attention. Une foule compacte encerclait un homme solidement ligoté, dans la plus pure tradition rurale d'autrefois, à l'époque où les chefs de section faisaient régner leur propre loi. L'homme était roué de coups. Il avait volé un cabri. Chacun semblait vouloir administrer sa part de justice, lui asséner sa gifle, son coup, comme pour s'assurer que le message passe.

Ce n'est pourtant pas la brutalité de la scène qui nous a le plus marqué. C'est l'identité de celui qui traînait le voleur au bout de la corde ; un ancien agent de sécurité, fraîchement sorti de prison. Il avait été condamné pour avoir trahi la confiance de la banque qui l'employait, organisant des braquages en signalant aux malfrats les clients qui venaient de retirer de grosses sommes d'argent.

À cet instant précis, impossible de ne pas penser au Conseil de Protection des Truands, (CPT) ce sigle grotesque que certains appellent encore, avec une candeur désarmante, Conseil Présidentiel de Transition. Car c'est exactement ce qui se joue là-haut ; des récidivistes de la trahison nationale, des visages bien connus de l'effondrement national bref, du chaos se retrouvent à brandir la corde de la justice et les oripeaux d'une transition démocratique ou de rupture, selon le mensonge du jour, comme s'ils n'étaient pas eux-mêmes les fossoyeurs.

Trois idiots utiles corrompus, six intelligents corrompus ; voilà la galerie sordide d'une transition où la corde ne sert plus à restaurer l'ordre, mais à en mimer la parodie. Plus tard, en scrollant distraitement les réseaux sociaux, nous sommes tombé sur une nouvelle qui frisait l'absurde. Le CPT aurait demandé à la justice d'engager des poursuites contre les personnalités sanctionnées par les États-Unis et le Canada. L'ironie m'a sauté au visage. Tous ces sanctionnés, livrés comme des cadavres jetés sur les immondices par les gangs-milices, sont issus des structures politiques ou des fameux secteurs prétendument représentés au sein même du Conseil. Autrement dit, le serpent mange sa propre queue, et le crime se livre à lui-même pour mieux continuer à prospérer.

Nous avons tout de suite pensé à ces Malice des villes et des campagnes ; rusés, calculateurs, chacun passé maître dans l'art du coup bas surtout contre ses propres alliés. Impossible aussi de ne pas faire le parallèle entre le petit voleur de cabri, roué de coups à Carrefour Ménard, et ces deux aspirants coordonnateurs du Conseil, écartés sans ménagement du ridicule fauteuil présidentiel tournant, pour un larcin mal ficelé. Ils ont laissé la place comme si de rien n'était, à des coquins plus raffinés, plus stratèges, mieux costumés pour piller ensemble la République à visage découvert... mais sans risque.

Nous n'avons jamais compris pourquoi, après avoir été éclaboussés par le scandale de la BNC, ces bons compères, pourtant adoubés par les autres Truands ont cru bon de se retirer, de s'effacer docilement au profit de Fritz A. Jean et de Laurent Saint-Cyr. Vous êtes de la bande, alors de quoi avez-vous peur ? Vous avez fait preuve d'une naïveté légendaire.

Sérieusement, étiez-vous les seuls à ignorer que vos six autres collègues sont des filous d'un tout autre calibre ? Là où vous avez agi comme des novices du système, pressés de croquer leur part, eux avancent masqués, patients, calculateurs, méticuleux. Vous êtes tombés dans le piège comme des amateurs, des parvenus sans finesse, pendant qu'eux, plus aguerris, n'auraient jamais eu l'imprudence de se présenter devant le directeur général de la BNC, encore moins de laisser la moindre trace.

Votre erreur n'a pas été de braquer. Le vol, ici, est devenu une voie parfaitement légitime d'ascension sociale. Une filière comme une autre pour accéder au pouvoir. Votre véritable faute, c'est d'avoir braqué sans talent, sans couverture, sans réseau. Vous êtes des amateurs dans un monde de professionnels. Victimes d'un complexe d'infériorité tenace, vous avez sans doute cru de renier. Mais au fond, ce renoncement vous a été encore protégés. Il vous a permis d'éviter les sanctions des États-Unis et du Canada. Sans cela, vous seriez également dans le viseur de vos coéquipiers ; cette fois pour de bon puisque, comme vous le savez, le Conseil n'est rien d'autre que la marionnette de l'ambassade américaine, digne représentant mandaté et patenté de la Communauté internationale.

Ce que vous n'avez pas compris, c'est que le système haïtien ne sanctionne pas la cupidité. Il punit l'amateurisme. Vous n'avez rien saisi au théâtre du pouvoir. Pendant que vous êtes cloués au pilori, la justice de l'injustice vous épargne. Malgré tout, vos pairs et vous continuez dêtre reçus dans les salons feutrés, les ambassades, les conférences internationales, avec tous les égards. Et pendant ce temps, nous, peuple haïtien, nous nous indignons, nous vous rejetons, nous exigeons votre départ.

Les dernières révélations du RNDDH sur vos salaires indécents et vos privilèges obscènes n'ont fait que confirmer ce que tout le monde soupçonnait déjà. Non seulement vous êtes insatiables, mais vous êtes aussi gloutons, sans retenue, sans honte, sans la moindre décence. Et comme si cela ne suffisait pas, votre réplique, méprisante et creuse, est à votre image indigne.

Vous êtes les symptômes les plus visibles d'une maladie profonde ; celle d'une élite politique, économique serviles, voraces, sans projet, sans vision, sans vergogne. Vous avez transformé l'État en mangeoire, la fonction publique en butin, la misère populaire en rente politique, la sécurité du peuple en marchandise livrée aux gangs-milices, en outil de chantage, en prétexte pour mendier auprès des puissances étrangères. Vous avez piétiné la dignité nationale, vous avez vendu la souveraineté nationale pour mieux vous asseoir sur les restes du pays. Au petit voleur de cabri, misère et corde ; Au grand voleur, miséricorde !

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