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Le CPT et le gouvernement doivent partir en même temps !

  • Photo du rédacteur: Renouvo Demokratik
    Renouvo Demokratik
  • 25 juin
  • 4 min de lecture

Par : Sonet Saint-Louis av

Professeur de droit constitutionnel et de méthodologie à la faculté de droit

et des sciences économiques de l'université d'État d'Haïti.

Professeur de philosophie

- PC: Novavox-
- PC: Novavox-

Depuis plusieurs années, les politiciens ont tout saboté pour plonger dans le dysfonctionnement l'ensemble de nos institutions républicaines. Est-il encore possible d'apprendre à ces politiciens indigents, globalement mal informés sur le fonctionnement d’un État moderne, démocratique, encadré par les principes de l’État de droit et de la bonne gouvernance, que maintenir les institutions en vie est la meilleure politique ?

Tout le monde s’étonne de l’absence de performance, d’efficacité et de résultats de l’actuelle équipe de facto au pouvoir depuis plus d’un an, mais oublie que ces gens ne maîtrisent pas grand-chose en ce qui concerne les dossiers de l’État. Je ne cesse de le répéter : ce sont des professionnels du chaos à qui l’on a confié la mission de gouverner notre République dans le cadre d’une transition circulaire, où les mêmes têtes — ni pleines ni bien faites, mais vides — apparaissent, disparaissent et réapparaissent depuis 1987 dans des circonstances troublantes, pour continuer les mêmes bêtises.

Le pays prend acte que chaque conseiller a ses représentants dans la diplomatie, au sein du gouvernement et dans l’administration. Comment pourrait-il en être autrement ? Comment confier à des groupes la responsabilité de gérer l’État, alors que la mission même de l’État est de servir l’intérêt général ? Les représentants des groupes d’intérêts ne peuvent gérer que les intérêts de leurs membres. On le savait ! À l’époque où l’on décidait de la mise en œuvre de cette formule, des voix s’élevaient pour appeler les parties prenantes, soutenues par la communauté internationale, à la raison. Ces voix ont été ignorées !

Quand je dis que ces gens-là ne comprennent pas le fonctionnement de l’État, bien qu’ils en aient fait l’expérience, je ne le dis pas par arrogance : c’est un constat !

Prenons la question constitutionnelle. Le Conseil présidentiel de transition (CPT) a prêté serment sur la Constitution de 1987, bien que cela relève d’un acte d’imposture, puisqu’il n’existe aucun lien constitutionnel entre cette instance de facto et notre charte fondamentale. Selon la Loi fondamentale, seul un président élu est habilité à prêter serment, en jurant d’observer fidèlement la Constitution ainsi que les lois de la République, de respecter et de faire respecter les droits du peuple.

Au moment où il s’engage de la sorte, le CPT, bien qu’issu d’un processus non électoral, revendique pourtant une forme de continuité constitutionnelle, et inscrit ses actions dans ce cadre, jusqu’à la fin de son mandat prévue au 7 février 2026 — soit dans huit mois.

Le fait de confier des responsabilités à un comité de pilotage créé en violation de la Constitution de 1987 — cette même charte qui continue pourtant de servir de référence à toutes leurs décisions — constitue un motif suffisant pour que les membres du CPT soient mis en accusation pour crime contre la Constitution.

Ce geste soulève une question : ont-ils agi par pure manipulation politique ou par ignorance ? Les deux, sans doute. En effet, les militaires qui avaient pris le pouvoir en 1986 étaient de loin supérieurs, intellectuellement et politiquement, aux politiciens actuellement au pouvoir — même si certains hauts gradés de l’ancienne armée peuvent aussi être tenus pour responsables de la déchéance actuelle.

En admettant la continuité constitutionnelle, le CPT reconnaît qu’il n’est pas arrivé au pouvoir à la suite d’une révolution, d’un coup d’État, d’un changement brutal de régime ou d’un consensus politique qui aurait pu, durant une transition, justifier une primauté de la politique sur le droit, comme passage obligé vers un retour à l’État de droit.

Nous avons d’urgence besoin d’un renouveau

Il me semble qu’il est trop tard, pour le CPT, de faire accepter à la population qu’il s’inscrive désormais dans une logique de renversement de l’ordre établi par la Constitution de 1987.

Comment des secteurs organisés, des intellectuels, des juristes peuvent-ils se taire devant une telle forfaiture ? Comment peut-on admettre qu’un exécutif de facto ait le droit de légiférer, d’abroger une Constitution qui est l’œuvre du peuple, d’adopter un Code pénal traitant des droits humains et des libertés individuelles, sans l’intervention du pouvoir législatif ?

Le désastre politique et intellectuel auquel on assiste est trop grand pour ne pas réveiller les consciences, même les plus endormies. Il ne doit pas y avoir de spectateurs ! Le mal dans lequel ces élites dégénérées — qui semblent être en mission — conduisent le pays est trop profond. Nous devons les combattre avec toutes les armes dont dispose la nation. Faisons-le maintenant, et sans répit !

Il est impossible d’accepter qu’un exécutif de facto s’érige à la fois en assemblée constituante pour rédiger une nouvelle Constitution, et en législateur unique pour adopter un Code pénal. Nous devons tout faire pour faire échec à ce projet.

Ces gens, au service d’une idéologie globaliste, placés au pouvoir pour déstabiliser la nation haïtienne à travers des pratiques étrangères à notre culture, ont piteusement échoué — et l’échec ne doit avoir ni courtisan, ni partisan. Nous n’avons pas le temps d’écouter les discours de ceux qui ont échoué. L’échec n’a pas de justification.

Dans la vie privée, lorsqu’on échoue, on peut continuer. Mais dans la sphère étatique, l’échec n’est pas tolérable, car il entraîne la perte de légitimité et l’incapacité à répondre aux besoins de la population. Il était politiquement maladroit — comme l’a fait M. Fritz Jean — de venir expliquer son échec et celui du CPT en direct. Ces échecs résultent des affrontements violents entre les factions mafieuses opérant au plus sommet de l' Etat.

Ce constat marque la rupture entre les gouvernants actuels et les citoyens. Le CPT et le gouvernement doivent partir ensemble, et en même temps, afin de permettre un véritable renouveau démocratique dans le pays. Cette transition devra passer par la mise en place d’un gouvernement provisoire, capable de répondre aux attentes du peuple et de la nation, en créant un climat serein et sécuritaire, propice à l’organisation d’élections libres, sous la direction d’une autorité gouvernementale responsable.

En politique comme dans le monde de l’entreprise, la jeunesse haïtienne, consciente et exigeante, réclame de vrais modèles de réussite — des réussites sans fraude ni vice — comme sources d’inspiration.


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