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Le bal diplomatique haïtien : même ritournelle, nouveaux habits — même reddition

  • Photo du rédacteur: Renouvo Demokratik
    Renouvo Demokratik
  • 20 juil.
  • 3 min de lecture

Par: Novavox, Notre Éditorial.-

-PC: Novavox-
-PC: Novavox-

La visite du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé à Washington, en ce mois de juillet 2025, n’est pas une première. Elle s’inscrit dans une longue tradition haïtienne : celle de chercher l’ombre rassurante de Washington plutôt que la lumière exigeante de la souveraineté nationale. Un déjà-vu diplomatique, où les dirigeants haïtiens, confrontés à des crises internes, troquent le dialogue avec leur peuple contre des poignées de main étrangères.

Depuis des décennies, les gouvernements haïtiens ont cultivé une dépendance politique et symbolique envers les États-Unis. Ils espèrent que l’appui de Washington servira de bouclier lorsque la nation réclame des comptes. Mais l’histoire est têtue : aucun soutien extérieur n’a jamais sauvé un gouvernement illégitime. Et pourtant, à chaque tournant, à chaque crise, le même scénario se rejoue.

Comme l’attestent les rapports de presse, les entretiens entre les représentants haïtiens, le sous-secrétaire d’État Christopher Landau, et des figures influentes du Congrès américain — tels que le sénateur Raphael Warnock et le représentant Michael Lawler — ont porté sur des dossiers techniques et diplomatiques, notamment la sécurité, les élections, et les dispositifs commerciaux comme les lois HOPE/HELP.

Derrière le vernis protocolaire, l’inertie se répète : rien qui engage, rien qui transforme. L’élégance des gestes dissimule l’absence de vision, comme si le rituel tenait lieu de projet. Ce type d’agenda perpétue une constante historique : on négocie à l’extérieur les instruments d’un État que l’on refuse obstinément de bâtir à l’intérieur. Et pendant ce temps, le peuple ne réclame ni formule diplomatique ni mise en scène — il exige un engagement réel, à hauteur de sa dignité et de ses urgences.

C'est que dans les salons feutrés de la capitale américaine, les discussions effleurent les mécanismes techniques — jamais les fondations démocratiques, ni l’urgence d’une refondation nationale. Car la souveraineté ne se négocie pas en marge d’une table diplomatique : elle s’incarne, elle se mérite, dans le face-à-face avec la démocratie.

Le Premier ministre Alix Fils-Aimé, comme ceux qui l’ont précédé semble croire encore que cette fois, l’écoute extérieure suffira. Mais l’histoire récente montre que les promesses venues d’ailleurs ne remplacent pas la légitimité populaire. Ce n’est pas l’approbation des chancelleries qui fonde l’autorité d’un gouvernement, mais la rencontre authentique avec les besoins, les blessures et les espérances du peuple qu’il prétend servir.

Il est temps que les dirigeants haïtiens reconnaissent cette évidence trop longtemps évitée : la reconstruction ne viendra ni de Washington, ni de Bruxelles, mais de Port-au-Prince — des quartiers populaires, d’institutions dignes et d’un dialogue social sincère. Haïti ne se relèvera pas par des visites à l’étranger, mais par un dialogue franc avec sa propre population, par des choix courageux, et par une volonté politique de bâtir un État digne. La communauté internationale peut accompagner. Mais c’est en Haïti que se décide  la légitimité.

Haïti se tient à un carrefour décisif : rejouer les erreurs du passé ou oser, enfin, une rupture fondatrice. Mais cette bifurcation exige plus que des intentions — elle requiert du courage politique, une écoute sincère des voix populaires, et une foi renouvelée dans la capacité du peuple haïtien à bâtir son propre avenir. Or, ce sont précisément ces ingrédients que les dirigeants semblent fuir, préférant la répétition au risque, l’extérieur au face-à-face avec leur nation.

Alors que le peuple haïtien endure l’insécurité, la pauvreté, l’exil, et l’effondrement des institutions, ses dirigeants continuent à regarder vers Washington, espérant y trouver des solution toutes faites, calibrées ailleurs, déconnectées d’ici. Mais le peuple haïtien n’a ni perdu la mémoire, ni renoncé à sa dignité. Tôt ou tard, il imposera à ces dirigeants une vérité qu’ils refusent d’affronter : la souveraineté ne se quémande pas sous d’autres drapeaux — elle se conquiert à Port-au-Prince, dans les quartiers vivants, là où la mémoire pèse et la parole réclame justice et sécurité.


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1 commentaire


Léa
21 juil.

Je viens de lire un texte incisif, reçu, d'une compatriote, cela fait moins de 5 minutes. Le titre : LA PAROLE COMME CAMOUFLAGE DU CHAOS EN HAITI - Nous ne sommes pas dupes - Nous sommes le regard qui perce la mise en scène. Par contre, c'est le texte plus haut qui m'a forcé à écrire ces quelques lignes : LE BAL DIPLOMATIQUE HAITIEN : MÊME RITOURNELLE, NOUVEAUX HABITS - MÊME REDDITION.


Depuis l'assassinat de Me Dorval, j'ai compris que si les mots sont des armes, dans le cas de ce qui se passe CHEZ NOUS, on n'en était plus à celles-là...


Souvent ces mots sont repris pour présenter la posture du citoyen en Haiti : résilience; résistance; endurance; mémoire;…


Modifié
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