CPT: Conseil de Protection des Truands ; les mafieux se jugent et s'auto-amnistient.
PAR: Hugue CÉLESTIN,
Membre de: Federasyon Mouvman Demokratik Katye Moren (FEMODEK),
Efò ak Solidarite pou Konstriksyon Altènativ Nasyonal Popilè (ESKANP).

Dans le dernier acte de la comédie de l'impunité haïtienne, la Cour d'Appel de Port-au-Prince a, le 19 février 2025, annulé avec empressement les mandats de comparution visant Emmanuel Vertilaire, Smith Augustin et Louis Gérald Gilles. Ces trois présidents du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) préfabriqué, étaient pourtant au cœur d'un scandale de corruption, directement impliqués dans une tentative d'extorsion de 100 millions de gourdes auprès de l'ex-président de la Banque Nationale de Crédit (BNC), Raoul Pierre-Louis, en échange de son maintien en poste. Quel non-sens ! Et que dire des autres personnes incriminées ? Seront-elles un jour jugées pour la forme et condamnées sans procès, juste pour mieux justifier l'innocence des trois acquittés ?
Fidèle à sa clairvoyance légendaire, la Cour a estimé que le juge d'instruction Benjamin Félismé n'avait pas compétence pour traiter cette affaire. La raison ? Leur statut de conseillers présidentiels leur accorderait une immunité aussi mystérieuse qu'inébranlable, leur permettant de commettre des actes illégaux en toute impunité. Ainsi, les trois fameux braqueurs échappent à une justice injuste, protégés par l'opacité de leurs fonctions. Ils quittent la scène judiciaire sous les ovations frénétiques de leurs propres acolytes.
Un clan de malfaiteurs, une connivence parfaitement rodée.
L'histoire récente nous enseigne une vérité implacable: dans la jungle politique haïtienne, l'impunité n'est pas seulement un privilège individuel, c'est un sport collectif. Le verdict rendu par la Cour d'Appel de Port-au-Prince, loin d'être une simple défaillance judiciaire, révèle le pacte d'auto-préservation des membres du CPT. Ce dernier fonctionne comme une organisation secrète où chacun protège les méfaits de l'autre, où la solidarité criminelle prime sur toute notion de justice. Si l'affaire de la Banque Nationale de Crédit (BNC) éclabousse directement Emmanuel Vertilaire, Smith Augustin et Louis Gérald Gilles, elle met également en lumière le rôle trouble des autres membres du CPT, qui se livrent aux mêmes pratiques sans jamais s'en indigner publiquement.
Ce verdict, en plus d'être un affront à l'intelligence, confirme la soumission de l'appareil judiciaire à la mafia politique et économique qui régente Haïti. Loin d'être indépendante, la justice est entièrement aux ordres d'un pouvoir corrompu, garantissant l'impunité des mafieux tout en sacrifiant le peuple haïtien. Dans ce système, l'impunité nest plus une exception, mais une norme inscrite au cœur même du fonctionnement du pouvoir, transformant chaque institution censée protéger le bien public en un espace d'échanges entre criminels en col blanc. Ainsi, les malfaiteurs poursuivent leur œuvre, tissant patiemment leur toile d'influence et de pouvoir, enfermant le pays dans un cercle vicieux où la corruption demeure la seule véritable monnaie d'échange.
Le choc ? Augustin et Gilles : deux présidents en devenir ou en attente
Les trois mousquetaires du CPT, jamais remis en cause par leurs pairs, poursuivent leur ascension dans l'ombre de leurs privilèges. À l'instar de leurs complices, ils ont amassé un éventail de fonctions et de prérogatives : ministères, ambassades, consulats, secrétairies d'État, directions générales, délégations et vice-délégations... Purifiés même de leurs péchés mortels, ils peuvent, comme tant d'autres, se voir confier la mission de poursuivre sans vergogne leurs manœuvres, s'assurant que leur passage ne laisse aucune empreinte de leurs forfaits, mais une marque indélébile dans l'histoire de l'impunité.
Ironie du sort ! Smith Augustin et Louis Gérald Gilles font un retour en force, étrangement protégés par un arsenal redoutable. Qui d'autre pourrait leur ravir leur place dans la farce de la présidence tournante ? Depuis le vendredi 19 février, ils se préparent à prendre le relais, enfilant leur veste de circonstance, se posant en figures incontournables et exhibant leur immunité dans des interviews glamour sur TV5 Monde ou sur les plateaux des Mardis de la Nation. Seront-ils assez créatifs pour inventer un slogan plus percutant que celui du théoricien du budget de la guerre ? Vite, il ne vous reste pas beaucoup de temps pour publier votre slogan dans le grand journal, car le prochain président de la bande dessinée KPT prêtera serment le 7 mars.
Le cartel des fossoyeurs de la nation
Les institutions de sécurité du pays sont délibérément et méthodiquement affaiblies, offrant ainsi un boulevard aux gangs pour s'emparer des rues et des quartiers. Pendant ce temps, le CPT poursuit ses affaires privées, ses membres se garantissant des placements financiers, planifiant la jouissance de leurs fortunes bâties sur le racket et la corruption. Mais au-delà de l'image d'un pouvoir incompétent et corrompu, nous sommes face à des architectes du chaos, des officiers du désastre, des marchands de l'effondrement national. Ces individus ne sont pas simplement en train de diriger un pays, mais d'enterrer toute idée de progrès et de stabilité.
La réalité est implacable : la situation lamentable du pays a systématiquement entravé tout progrès, des élections au processus de référendum. Dans ce contexte de déliquescence totale, une seule solution s'impose : la dissolution immédiate et irrévocable du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Ce gouvernement de fait, complice et irresponsable, doit être évincé avant qu'il n'élimine définitivement toute chance de redressement pour un pays déjà à l'agonie.
L'alternative
Face à l'irresponsabilité et à l'inefficacité des autorités actuelles, nous réitérons avec force notre proposition: l'Université d'État d'Haïti (UEH), en tant qu'institution nationale de savoir, de réflexion et de responsabilité sociale, doit organiser, dans un délai maximal d'un mois, des consultations nationales larges et inclusives. Celles-ci, devront rassembler des représentants légitimes des forces vives de la nation, élus par une instance de coordination indépendante.
Les participants auront pour mission de :
Désigner un(e) président(e) de transition sur la base d'un consensus national, un(e) leader qui soit totalement détaché(e) des influences politiques, économiques et étrangères, et qui incarne l'intérêt supérieur de la nation, loin des intrigues partisanes et des manipulations extérieures.
Mettre en place un gouvernement de salut public restreint, composé de personnalités intègres et compétentes, dont la mission sera de restaurer l'ordre et la sécurité, d'amorcer une réforme institutionnelle en profondeur et de poser les premières pierres du redressement national dans les domaines économiques, sociaux et politiques.
Élaborer une feuille de route claire et ambitieuse, mais réaliste, pour organiser, à moyen terme, des élections véritablement souveraines et démocratiques, libérées de toute ingérence extérieure et de la mainmise du clientélisme politique qui gangrène nos institutions.
Chaque jour qui passe plonge davantage le pays dans le chaos et l'abîme. Accepter passivement cette situation catastrophique serait un suicide collectif que le peuple haïtien ne peut se permettre. Rester silencieux, c'est devenir complice de l'effondrement. Il est temps de refuser cette spirale infernale et de reprendre en main notre destin commun
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