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Décryptage du Système Financier Oligarchique en Haïti

  • Photo du rédacteur: Renouvo Demokratik
    Renouvo Demokratik
  • 9 févr.
  • 7 min de lecture

Par Kevens Louissaint.


Le problème financier d’Haïti ne relève ni d’une simple mauvaise gestion ni d’un quelconque accident de l’histoire économique. Il s’agit d’une ingénierie de la dépossession, un système intentionnellement structuré pour garantir la captation des ressources nationales par une oligarchie financière qui contrôle l’ensemble des leviers économiques, commerciaux et médiatiques du pays.

Les banques commerciales du pays, plutôt que d’agir comme intermédiaires pour faciliter la croissance économique et l’investissement, fonctionnent comme des instruments de contrôle oligarchique.

Ce système, caractérisé par une fusion toxique entre finance, politique et commerce, a effectivement créé un chaos contrôlé — un état délibéré d’instabilité économique et sociale qui assure la perpétuation de la domination de l’élite.

Ce phénomène ne relève pas seulement de la corruption, mais d’une stratégie systémique de spoliation et d’asservissement économique, orchestrée par les administrateurs des banques commerciales @UBHaiti @SogebankHT. Ceux-ci détournent les mécanismes financiers au service de leurs intérêts exclusifs, au détriment du développement productif et de toute forme de transformation sociale.

Le Conseil d’Administration des Banques Commerciales est composé des mêmes magnats des affaires qui possèdent les monopoles d’importation, des télécommunications, de la fabrication et des médias. Ils contrôlent le crédit et la masse monétaire, tout en exerçant un monopole absolu sur les secteurs stratégiques de l'économie nationale (logistique, agro-industrie, médias, distribution d'énergie, alimentation). Ils façonnent donc les politiques publiques à leur avantage. Plusieurs membres de l'@UBHaiti et de la @SogebankHT ont siégé à des organisations influentes telles que le Forum économique du secteur privé, qui dicte en partie l’agenda économique du pays.

Ces banquiers ne sont pas seulement des prêteurs ; ils sont à la fois importateurs, industriels, spéculateurs fonciers et propriétaires des principaux groupes médiatiques, notamment @nouvelliste.

Max Chauvet, propriétaire du journal le plus ancien du pays @nouvelliste, façonne l’opinion publique tout en dirigeant l’une des plus grandes banques du pays @UBHaiti. Il est donc jugé et partie, incapable de critiquer réellement le cartel financier dont il fait partie. Quand un média appartient à des banquiers, des industriels ou des importateurs, peut-il réellement défendre les intérêts du peuple?

Carl Braun, à la fois président de la @UBHaiti et des Moulins d’Haïti, contrôle la farine, donc l’alimentation. Edouard Baussan, maître des ports et du pétrole avec DINASA et Maersk, décide de qui importe et qui exporte. Quand les propriétaires de banques sont aussi ceux qui contrôlent le plus grand port de déchargement (Baussan, AGEMAR), peut-on espérer une presse qui dénoncera la contrebande et l’évasion fiscale? Qui aura le courage de faire face?

Haïti peut-elle encore se permettre le silence?

Si personne ne dit rien, ce cartel financier continuera à asphyxier l’économie, à organiser la fuite des capitaux et à perpétuer un système où seuls les privilégiés prospèrent tandis que le reste du pays agonise.

Une poignée d’individus verrouille tous les secteurs clés. Un contrôle absolu sur l’État. Qui contrôle le crédit contrôle le pays. Ces banques n’ont pas seulement le pouvoir économique, elles dictent aussi les politiques publiques. Elles financent les campagnes électorales et influencent la nomination des ministres clés (Finances, Économie, Banque centrale). Elles profitent de lois sur mesure, conçues pour protéger leurs intérêts et garantir l’opacité de leurs transactions. Elles tiennent l’État en dépendance totale en étant ses principaux créanciers.

Un gouvernement qui oserait s’attaquer à elles se retrouverait immédiatement asphyxié. C’est un système verrouillé par la connivence politique. Ces banques ont financé tous les régimes politiques haïtiens, de Préval à @MichelJMartelly, en passant par Aristide. Elles ne soutiennent pas un projet de société, mais celui qui garantira la stabilité de leurs affaires.

Ainsi, les ressources financières du pays ne sont pas allouées en fonction du mérite économique ou de l’investissement productif, mais en fonction des intérêts personnels d’un petit groupe enraciné. Impossible d’évoluer économiquement sans passer par eux.

Le paradoxe? Ces banques prospèrent sur la faillite du pays. Plus l’État est incapable, plus elles gagnent en influence. Plus la population s’appauvrit, plus elles lui prêtent à des taux usuriers. Plus la diaspora envoie de l’argent, plus elles prélèvent des commissions. Plus Haïti s’effondre, plus elles prospèrent.

Nous sommes en face d’une privatisation totale de la souveraineté. L’État haïtien n’est plus qu’un décor, une coquille vide gérée en sous-traitance par une ploutocratie qui ne gouverne pas par le suffrage, mais par le contrôle des flux financiers.

Où est passée la souveraineté haïtienne?

Elle n’est pas entre les mains d’un président. Elle ne réside pas au Parlement. Elle n’existe plus dans les ministères. Elle est diluée dans les bilans comptables des banques, des groupes industriels et des entreprises de transfert d’argent.

Alors, la vraie question est : jusqu’à quand? Si demain le gouvernement @PresidenceHT @PrimatureHT @MEFHaiti voulait instaurer une politique nationale de souveraineté alimentaire, il se heurterait à un mur. La seule manière de reprendre le pouvoir, c’est de briser l’opacité. Mettre des noms, des chiffres, des liens sur ces dynasties financières. Pas par conspiration, mais par rigueur.

Le véritable levier du pouvoir, ce sont les flux d’argent. Regardons le triangle du pillage financier:

  1. La diaspora envoie des milliards chaque année (4 milliards de dollars en 2023).

  2. Les banques encaissent des commissions sur chaque transfert.

  3. Cet argent est prêté à des taux élevés aux Haïtiens appauvris sur place.

En d’autres termes, l’argent des Haïtiens de l’extérieur est recyclé pour les exploiter de l’intérieur. Pourquoi Haïti importe-t-elle près de 90% de ses produits alimentaires, alors qu’elle a des terres fertiles et un climat propice à l’agriculture?

Plutôt que d’orienter les capitaux vers l’agriculture, l’industrialisation ou les infrastructures — des secteurs qui généreraient de l’emploi et assureraient l’autosuffisance nationale — les banques haïtiennes investissent massivement dans des entreprises d’importation appartenant à leurs propres administrateurs @UBHaiti @SogebankHT.

Les banques, les importateurs et les politiciens travaillent main dans la main pour tuer toute production locale.

  • Edouard Baussan (@UBHaiti) contrôle le principal port de déchargement du pays. Il fixe qui importe quoi, à quel prix et sous quelles conditions.

  • Les banques financent massivement l’importation, mais refusent d’accorder des crédits à l’agriculture et à l’industrie.

  • Le gouvernement impose des taxes abusives aux producteurs locaux, tout en accordant des exemptions aux importateurs.

C’est un système parfaitement orchestré : détruire l’économie nationale pour que le pays reste dépendant de leurs importations. Et qui en paie le prix? Le peuple.

  • Les agriculteurs abandonnent leurs terres, faute de financement.

  • Les jeunes n’ont aucun avenir en dehors de l’informel ou de l’exil.

  • La pauvreté devient structurelle, parce que tout l’argent quitte le pays au lieu d’être réinvesti.

C’est un pillage, un hold-up économique exécuté avec la bénédiction de l’État. Les faits sont là, brutaux et implacables. Cela garantit que :

  1. Le pays reste dépendant des biens étrangers.

  2. La production nationale est étouffée par le manque d’accès au crédit.

  3. Les marges bénéficiaires restent élevées pour ceux qui contrôlent les importations et la distribution.

C’est pourquoi Haïti, malgré son potentiel agricole, importe près de 90% de sa nourriture. L’élite bancaire n’a aucune incitation à financer la production locale lorsqu’elle peut maximiser ses profits en contrôlant l’importation de biens étrangers et en manipulant les taux de change.

Les banques commerciales en Haïti @UBHaiti @SogebankHT ne facilitent pas la croissance économique ; elles extraient de la richesse par le biais de prêts à la consommation à taux d’intérêt élevé et de la spéculation immobilière, plutôt que d’offrir des crédits à long terme et à faible taux pour soutenir les secteurs productifs.

Le résultat est :

  1. Les micro-entrepreneurs et les petites entreprises peinent à accéder au financement.

  2. Ceux qui obtiennent des prêts sont écrasés par des taux d’intérêt exorbitants, les poussant à une servitude perpétuelle de la dette.

  3. Un apartheid financier où seule l’élite accède au crédit pour accroître sa richesse.

L’instabilité monétaire en Haïti n’est pas un phénomène accidentel, mais une stratégie délibérée orchestrée par les oligopoles bancaires. L’élite financière manipule la gourde haïtienne à travers des attaques spéculatives et des dévaluations artificielles, en veillant à ce que :

  1. La valeur de l’argent détenue par les classes inférieures s’érode, accroissant leur dépendance aux devises étrangères (USD). Autrement dit, ils détruisent le pouvoir d’achat du peuple.

  2. Les importateurs, qui contrôlent à la fois la banque et le commerce, bénéficient des fluctuations des taux de change et marginalisent encore davantage la population n’ayant pas accès à cette devise.

  3. Toute possibilité de stabilité économique nationale soit sabotée afin de maintenir le chaos contrôlé. Ils imposent un climat d’incertitude économique permanent, paralysant toute planification industrielle à long terme et étouffant les initiatives entrepreneuriales.

Le contrôle de l’élite bancaire s’étend bien au-delà des finances et du commerce: ils possèdent également les principaux médias d’Haïti. En maîtrisant les journaux, les stations de radio et les chaînes de télévision, ils façonnent le discours public en veillant à ce que :

  1. L’injustice économique ne soit jamais présentée comme un problème systémique, détournant ainsi l’attention des véritables enjeux et orientant la colère populaire vers des boucs émissaires superficiels.

  2. Le discours politique reste centré sur des questions secondaires, empêchant tout débat sur des réformes structurelles.

  3. Les idées révolutionnaires, telles que la nationalisation des banques ou le démantèlement des monopoles, soient délégitimées.

Toute réforme systémique est diabolisée, et les intellectuels, militants et économistes proposant une refonte économique sont réduits au silence.

Ce cartel bancaire a créé un système où :

  1. Haïti demeure économiquement paralysée, maintenant la population dans un état de survie plutôt que de résistance. La pauvreté n’est pas une fatalité, mais un outil de contrôle social entretenu par une politique financière qui empêche l’émergence d’une classe moyenne autonome.

  2. Toute tentative d’industrialisation ou d’autosuffisance agricole est écrasée.

  3. L’État haïtien est réduit à l’insignifiance, incapable d’exercer la moindre souveraineté sur la politique monétaire et économique, car le véritable pouvoir réside dans les réseaux financiers privés.

Pour démanteler ce système, Haïti doit :

  1. Établir une Banque nationale de développement pour financer la production locale à faible taux d’intérêt.

  2. Mettre en place une réglementation financière stricte pour briser la concentration du pouvoir dans les mains d’une poignée d’individus.

  3. Instaurer des contrôles des capitaux afin d’empêcher la spéculation financière et la manipulation des devises.

  4. Promouvoir des banques coopératives qui privilégient l’impact social sur le profit.

  5. Nationaliser les industries clés pour garantir que le secteur bancaire serve le développement national plutôt que l’enrichissement d’une élite.

Le problème financier d’Haïti n’est pas une simple mauvaise gestion — c’est une stratégie intentionnelle de domination économique. Loin d’être une crise économique classique, la situation actuelle est une véritable guerre de classe menée par le capital financier contre le peuple haïtien.

Toute transformation du système haïtien se heurte à l’impunité structurelle dont jouissent les élites financières. Ces véritables seigneurs féodaux du capital ont capturé les ressources du pays et neutralisé toute tentative de régulation étatique en s’assurant que les institutions publiques restent sous leur joug.

L’avenir d’Haïti dépendra donc de sa capacité à organiser une résistance économique, intellectuelle et politique contre cet ordre bancaire criminel.

Haïti ne pourra sortir de cette impasse que par une révolution économique totale, où le crédit cessera d’être un instrument d’oppression pour devenir un levier d’émancipation collective. L’heure n’est plus à l’indignation, mais à l’action radicale et structurée pour reprendre le contrôle du destin économique de la nation.



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