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La parade des Truands au rythme du néolibéralisme

  • Photo du rédacteur: Renouvo Demokratik
    Renouvo Demokratik
  • 9 mai
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 10 mai

PAR: Hugue CÉLESTIN,

Membre de : Federasyon Mouvman Demokratik Katye Moren (FEMODEK),

Efò ak Solidarite pou Konstriksyon Altènativ Nasyonal Popilè (ESKANP).

Au crépuscule, quand la lumière décline et que les illusions s'illuminent, un panneau surgit tel un mirage risible au pied du vieux pont colonial du Haut du Cap. On y lit, en lettres capitales et électrisées : « Projet de curage du bassin Haut D'eau Financement BID : 150 millions USD pour un avenir durable». Ces mots brillent fièrement, se reflétant dans les eaux pestilentielles de la rivière, comme pour dire : « Regardez, on vous noie, mais avec des millions ».

En longeant le lit de la rivière, tandis que la lumière aveuglante d'un panneau publicitaire éblouit même les plus lucides, un spectacle accablant s'étale derrière lui. Des tonnes de déchets plastiques flottent au gré du courant, des bestioles en mission kamikaze virevoltent, des amas d'immondices se forment sur les berges, parfois entrecoupés de carcasses d'animaux en décomposition. Des latrines de fortune, perchées au-dessus des flots stagnants, déversent sans relâche leurs matières nauséabondes, transformant la rivière en un égout à ciel ouvert. Les enfants y pataugent, comme s'il s'agissait d'une piscine municipale sponsorisée par la Banque Mondiale. Les pêcheurs résignés, lancent leurs filets dans cette eau infectée, derniers gestes de survie dans un monde que tout le monde semble avoir oublié.

La rivière du Haut du Cap, elle, déborde à chaque pluie, avec la régularité cynique d'un budget détourné. Elle inonde, ronge, efface, pendant que les autorités brillent par leur absence. Le projet de 150 millions de dollars est une fiction administrative. Les travaux ont timidement commencé avant d'être abruptement suspendus quelques jours seulement après leur lancement. L'embouchure, devenue un mur de sable, renvoie les flots vers l'amont. L'eau stagne, remonte et submerge les habitations. Voilà la norme d'un pays livré à lui-même, gouverné à distance par des envoyés spéciaux d'institutions financières internationales et d'une armée d'ONG qui parlent le langage du développement, mais vivent de la permanence du désastre.

Enfin ! Bienvenue dans la Venise des détritus, capitale provisoire de l'indignité républicaine. Le cirque du Conseil Présidentiel des Truands (CPT) étale sa gloire creuse à la ville du Cap-Haïtien, dans le Nord. Là où la saleté et l'eau croupie côtoient les promesses moisies. La lumière du panneau brille toujours, stoïque face aux intempéries comme à la honte. Et c'est précisément dans ce décor de carte postale du chaos que débute, en fanfare, la Parade des Truands au rythme du néolibéralisme. Le CPT et son Gouvernement flanqués de leurs limousines climatisées, leurs costards taillés sur mesure et d'une dignité estampillée BID, FMI, Banque Mondiale. Officiellement, ils sacrifient l'avenir du pays pour se lancer, corps et âme, dans une mission diplomatique d'autosatisfaction.

À l'autre bout du pays, le Premier ministre de carton, fraîchement parachuté dans le Sud, tente lui aussi son numéro. Il parle sécurité dans une zone relativement calme, oubliant de livrer le discours là où il est attendu : la zone métropolitaine de Port-au-Prince, le bas Artibonite et le bas Plateau Central qui en souffrent cruellement. Entre deux conférences de presse, deux visites d'églises et de casernes, il scande des vœux pieux pour une paix invisible. C'est le théâtre inversé ; le Nord reçoit les banquiers pour parler non d'un budget de guerre, mais de bonne gouvernance et de réformes structurelles ; les jolis mots de la dépendance bien encadrée. Le Sud, lui, prie Jésus Miracles, sans drone kamikaze pour une stabilité toujours promise, jamais livrée. Deux faces d'une même médaille d'illusion !

Chaque visite officielle est une gifle de plus au visage du peuple. Les institutions financières internationales traînent dans leur sillage leurs fidèles serviteurs; présidents, ministres tous alignés comme des élèves modèles de la misère organisée. Ils promettent des millions qu'on ne verra jamais, laissent deux superbes banderoles, trois affiches bien collées, et repartent. Rien n'est nettoyé ; ni les canaux d'évacuation, ni ceux encore plus profonds de la corruption.

Dans ce spectacle, chaque conseiller, grimé en petit président de province, parade avec son cortège équipé de gyrophares et sirènes, sa sécurité, ses lunettes noires et son intouchabilité. La ville tremble! Des dizaines de convives, des per diem bien gonflés, des selfies en rafale. C'est le carnaval de la décadence, sans musique mais avec fanfaronnade. Les corrompus festoient ! Ce n'est pas une tournée de développement, mais une véritable farce néolibérale et néocoloniale où le peuple est relégué au rôle de figurant boueux. Une tragédie nationale jouée en boucle, cette fois-ci, avec costumes repassés et téléphones dernier cri.

Les truands en cravate escortent leur précieux hôte, Ilan Goldfajn, président de la Banque Interaméricaine de Développement (BID), à CODEVI et Caracol ; les vitrines pimpantes de la misère modernisée. Ainsi, ils posent les jalons de la prochaine zone franche de Chinorette, ce cimetière annoncé de l'agriculture paysanne. Ces gestionnaires néo coloniaux sont obsédés à précariser, déposséder, soumettre, déraciner les paysans et convertir Haïti en pays entièrement sous-traité aux appétits voraces de l'agro-business transgénique. Fritz A. Jean et ses acolytes ne sont que des commis de luxe, des courtiers, des valets stylisés des institutions de Bretton Woods, répétant docilement les mantras néolibéraux dictés par leurs maîtres.

Nous assistons au spectacle morbide d'un pouvoir qui fait semblant de gouverner pendant que le pays coule. Les gangs-milices avancent avec son lourd fardeau de terreur ; viols, kidnappings, assassinats, pillages, destructions. Les écoles ferment, les hôpitaux sont dévalisés, le commerce s'effondre. Au Nord, au Sud, on déroule le tapis rouge sur les ruines fumantes du pays. Ce n'est plus de l'incompétence, c'est un plan méthodique d'auto-liquidation nationale, une trahison programmée.

Trop, c'est trop ! Le CPT et son gouvernement doivent tomber avant qu'ils n'achèvent de saigner la nation. Patriotes ! Levons-nous pour stopper l'hémorragie !

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