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Qui Oserait Convoquer un Ambassadeur Américain

Photo du rédacteur: Renouvo DemokratikRenouvo Demokratik

Par : Michel Legros, Sitwayen pou Respè Konstitisyon.

Nous avons, comme tout le monde, entendu que l'ambassadeur américain aurait déclaré avoir établi des contacts avec des gangs pour assurer la protection de son ambassade et de son personnel. Si cela s'avérait être le cas, ce serait d'une gravité extrême.

En tant que représentant d'un empire, un ambassadeur américain est habituellement très conscient des normes diplomatiques qu'il s'engage à respecter. On peine à imaginer un ambassadeur en poste à Rome ou à Mexico déclarer ouvertement entretenir des relations avec la Mafia ou les cartels de la drogue, quelle que soit la justification avancée. Une telle déclaration ne pourrait être expliquée que par une profonde ignorance ou par le mépris du pays hôte et surtout de ses dirigeants qui ne seraient à ses yeux que des valets. Qui dès lors se chargerait de le convoquer pour qu'il s'explique et le rappeler à l’ordre? That is the question.

Cet épisode de notre déchéance fait parvenir à notre esprit ce qui suit : *La Servilité en Trois Actes: Oncle Tom, André et Ti Koulout*

La servilité, en tant que manifestation d'une soumission volontaire, trouve différentes expressions à travers l'histoire et la littérature. Des personnages comme Oncle Tom, André et Ti Koulout symbolisent chacun, à leur manière, une forme. Si l’un incarne la servilité dans l’esclavage américain, l’autre en est une figure tragique pendant la Révolution de Saint Domingue, et le dernier, un personnage contemporain, cristallise l’incapacité de se libérer de l'oppression. Ensemble, ils forment une trilogie de la soumission.

* 1- Oncle Tom : la Soumission Morale* Le personnage d’Oncle Tom, créé par Harriet Beecher Stowe dans *La Case de l’Oncle Tom*, est devenu au cours des ans le symbole littéraire de la servilité. Il représente une soumission morale sanctifiée qui donne à sa docilité une forme de béatification. Ce dévouement sincère se manifeste dans son attachement profond à son maître, qui, apparemment, le traite avec humanité : « Tom aimait son maître avec une sincérité et une dévotion paternelles ; son cœur était tout entier à son service. » Cette soumission volontaire, motivée par un sens aigu du devoir, rend Oncle Tom plus esclave de son attachement émotionnel que des chaînes qui le retiennent légalement. Ce lien qui dépasse la simple relation de servitude, est renforcé par un total don de soi au maître et c'est librement qu’il refuse la liberté qui lui est offerte : « Maître, je ne veux pas être libre si je dois laisser ma maîtresse et les enfants. Je préfère rester ici et les servir. » Oncle Tom, une figure tragique, a marqué la culture américaine au point où son nom est aujourd'hui devenu une insulte dans l’Amérique noire.

*2- André : le Loyalisme jusqu’à la Mort* Contrastant avec la passivité d’Oncle Tom, André, personnage historique relaté dans *Naissance d’une Nation* de l'historienne Carolyn Fick, incarne une autre forme de servilité : le loyalisme rigide. Commandeur, en 1792, sur une plantation des Cayes pendant la Révolution, André choisit la fidélité à son maître, même en face de la mort. Lorsqu’il est sommé de rejoindre les insurgés qui l’encouragent à inciter les autres esclaves à la révolte, il refuse catégoriquement: « Pour lui, ils étaient tous de vils brigands et il ne les suivrait jamais ; rien ne pouvait ébranler sa loyauté envers les Blancs. En plus, il avait un maître et, même s'il ne le connaissait pas, il lui demeurait fidèle. Il leur déclara, pour finir de ne pas se déranger pour le tuer : sortant un révolver de sa veste, il l'appuya contre sa tempe et tira. » Le gérant écrivit au sujet d’André dans une lettre adressée au propriétaire Laborde : « Ce nègre est généralement regretté et vous perdez un nègre très précieux. » Ce loyalisme aveugle révèle non seulement une servilité extrême, mais aussi une croyance inébranlable en l’ordre établi. André est une figure fascinante car, contrairement à Oncle Tom, sa servilité n’est pas motivée par l’amour ou la religion, mais par une fidélité absolue à l’institution de l’esclavage. Ce sacrifice révèle la complexité psychologique de l’esclave qui voit dans la défense de l'ordre esclavagiste un acte de foi qui peut aller jusqu'au martyr.

*3- Ti Koulout : la Servilité Contemporaine* Si Oncle Tom et André représentent des formes historiques de servilité, Ti Koulout incarne la soumission dans le contexte moderne. Contrairement à ses prédécesseurs, Ti Koulout évolue dans un cadre postcolonial où la servilité ne prend plus la forme d’un esclavage formel, mais d’une allégeance volontaire aux puissances et institutions internationales. Il représente la démission collective, l’incapacité à rompre avec les chaînes de la dépendance.

Cette acceptation de sa situation serait-elle une forme d'engagement, un "pwen" qu'il se sent obliger d'assumer par loyauté envers l'étranger et ses institutions ?

Nous pouvons en douter. Ti Koulout n’a ni la loyauté de Tom, qui supporte la torture jusqu’à la mort pour ne pas trahir ses frères en fuite, ni la fermeté d’André, qui trouve le courage de se tirer une balle dans la tempe pour ne pas renier ce en quoi il croit en tant qu’esclave : le maintien de l’esclavage. Koulout est un farceur. Graham Green l'avait pressenti.

Si l’Oncle Tom appartient à l’Amérique du 19ème siècle, André à la Révolution de Saint-Domingue, Ti Koulout, ce Bouqui qui se croit Malice, est contemporain et Haïtien.

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