Pile et Face : La Même Médaille de La Violence Politique par les Déclassés au Service…
Par: Wilfrid Supréna.

“ Woyyy, wayo, peyi a gen pou bèl , lè sa y a wè ki sa n pote pou yo”
(Boukman Eksperyans).
On cherche son origine sans établir les causes. On subit au quotidien ses conséquences et on s’esquinte à pointer du doigt de faux responsables en absence d’une analyse approfondie des mécanismes de la reproduction de la petite et la grande criminalité liée à la ... Avec La violence insidieuse toujours comme toile de fond dans des approches visant la conquête et l’occupation du pouvoir d’état..au pays !!! Quelles qu’en soient les conditions…. À tous les prix ! Cela, tout au cours de Notre histoire tumultueuse...
Voilà ! Deux/Trois semaines plus tôt, le débat, la narration dans Les medias aussi bien traditionnels que digitalisés portaient justement sur le Pourquoi de cette flambée de violence apparemment gratuite mais criminelle allumée depuis 1995 pour certains et 2012 ou 2021 pour d’autres et qui s’étend à travers le pays au fil des années et des mois…? Pourquoi ?
Deux entrevues, l’une en Haiti donnée par un écrivain assez célèbre., Michel Soukar qui n’a pas du tout sa langue dans sa poche et l’autre par l’architecte, Leslie Voltaire l’un des dirigeants du Parti Fanmi Lavalas, président en exercice de la commission présidentielle de transition au cours d’un voyage d'état à Paris, ont ravivé, en quelque sorte, le Feu de la discorde et de l’animosité patente entre Lavalas et PHTK à couteaux tirés depuis des lustres…
D’un côté comme de l’autre, Les accusations chimériques pleuvent… Mais le débat, comme toujours n’a pas bougé d’un iota, prosaïque, rébarbatif, répugnant et destructif, vous pouvez imaginer !
Les protagonistes paraissent cloitrés, emmurés dans le conjoncturel…. Et leurs propositions de solutions sont obsolètes, superficielles, passagères…Sans Aucune possibilité d’atterir au profit de tous. De La Nation, Quoi !
L’histoire de cette violence barbare, inhumaine traumatisant le pays et paralysant une frange assez importante de la Société Haïtienne ne date pas d’aujourd’hui et d’hier... Loin de là. Elle tire sa source dans le dénuement, l’isolement et la marginalisation presque totale dans Lesquels les forces économiques et politiques, associées à l’extérieur ont engagé et laissé le pays dans une course à l’accumulation folle, incontrôlée et rapide tout en Laissant la grande majorité des Haïtiens, la paysannerie en particulier en dehors de toutes les équations de réussite possible...une forme d’apartheid qui ne dit pas son nom. Déguisé, en un mot commençant...
En deux siècles d’une vie en dents de scie, la paysannerie à bout de souffle s’est transformée en un véritable “ vivier /fumier “ putride et grouillant d’où politiciens et politicailleurs Haitiens , commercants locaux et étrangers recrutent à chaque période hommes de mains, tueurs à gages, individus sans foi ni loi pour les aider à asseoir et fortune et pouvoir. Dans l’illégalité de l’exercice de ce dernier; Ou dans les contortions tumultueuses pour y arriver…
Aussi loin qu’on puisse remonter dans le temps, dans notre histoire nationale, ce fut toujours le même train, la même rengaine. Discours et méthodes convergent pour la réalisation des mêmes objectifs sauf que les personnages et groupes impliqués changent de noms et de visages. Toutefois, la pratique politique, en fait, reste toujours égale à elle même: des paysans ou leurs fils à bout de souffle et menant une vie de galère qu’on recrute et arme et à qui on promet monts et merveilles, pouvoir et gloire… changements, nouvelle constitution. Révolution, en fait...
Ils s’embarquent , généralement, contre vents et marées. Barre à bâbord. Barre à tribord. En marche pour de nouvelles aventures bonnes ou mauvaises…Le reste, Dieu y pourvoira ! Peu importe l’issue…
Avons-nous bien lu l’histoire des “ Piquets”, première version sous le gouvernement de Rivière Hérard et la seconde avec Lysius F Salomon ?
Avons-nous bien compris la montée des “ zinglins “ et leur utilisation pour terroriser la population par le “Bonhomme Coachi, Faustin Soulouque?
Quid des Cacos contre les “ Zandolit” ( première version) massacrés, tués par centaines à Port-au-Prince après l’arrêstation sur la frontière haitiano/dominicaine, de leur leader militaire, le très populiste Sylvain Salnave; de la deuxième version devenus tueurs, Hommes de mains au service des riches et des puissants pour aller “ Faire et défaire” le pouvoir central à Port-au-Prince jusqu’à l’arrivée des Yankees an 1915; de la 3ème version , rebelles aux occupants Américains de 1917 à 1920 jusqu’à leur décapitation- entendez leur extinction - après la mort de deux de leur leader historique, Charlemagne Péralte ( Novembre 1919), Benoit Batraville ( Mai 1920). Et surtout l’élimination systématique des notables et leaders paysans à Chabert entre le Terrier Rouge et le Trou du Nord dans le Nord Est, foyer des insurrections paysannes avant 1915…
35 années après un apaisement assez long imposé par la camisole de force politique et militaire des occupants, un nouveau centre d’intérêt pour la rébellion politique émergea, cette fois ci dans l’un des faubourgs de la capitale, le Bel Air, quartier huppé tout au long du 19ème siècle et transformé goutte par goutte en un veritable brasier d’où les intellectuels de la petite bourgeoisie noire et mulâtre en formation ont puisé assez de bras parmi les ouvriers, syndicalistes et chômeurs pour entamer un bras de fer avec le gouvernement d’alors , celui de Elie Lescot et le renverser. Nous sommes en 1946...
Et l’on baptisa, comme dans le passé cette rébellion qui amena Dumarsais Estimé, un parlementaire originaire de la vallée de L’Artibonite, donc de la paysannerie au pouvoir, de “Révolution “…
Le Mouvement Ouvrier Paysan des Désinor, Dorsainville, Duvalier, Fignolé était né. Le “Rouleau Compresseur” aussi sous la férule du Professeur Fignolé .. Des journaux de gauche aussi, La Ruche, La Nation. Des particules politiques de gauche, L’ancien PC de Roumain avec de nouvelles têtes, Edris Saint Armand, Roger Mercier , par exemple, Le Parti Socialiste Populaire ( PSP) Avec Etienne Charlier, historien, Max Hudicourt , parlementaire… Les bandes à pied aussi, Òtofonik du tambourineur Labbé, originaire de la Jamaïque, Minuit-Minuit, Le Peuple s’amuse, Dyabolo transformé plus tard sous Jean Claude Duvalier en Lobodya...
Du “ Rouleau Compresseur” de Fignolé , annihilé par l’armée D’Haiti en 1957 ( Les Vêpres du Bel Air avec des centaines de morts) pour faciliter l’arrivée au pouvoir du vilain, François Duvalier , la même année, on est passé aux Escadrons de la mort appelés “cagoulards “ menés par Clément Barbot et son frère au service personnel du nouveau président Duvalier…
Plus tard, en Juillet 1958 Les “Cagoulards” qui opéraient la Nuit avec leur visage caché furent transformés en Volontaires de la Sécurité Nationale (VSN), une milice dirigée par François Duvalier en personne et qui avait “droit de vie, de propriété et de mort” sur toute l’étendue du territoire national...
Et depuis, le cycle infernal de la violence non déguisée, ouverte dans le processus politique haïtien s’ouvrit pour ne jamais se refermer. A nos jours...
Aux miliciens et Tontons macoutes des Duvalier se substituèrent les “Attachés” sous Namphy et Regala. Les “petits soldats” ont pris le relais sous le gouvernement d’Avril. Puis vinrent, Les “ Fraphistes” de Toto Constant, Raoul Cedras et Michel François, Aristide de retour d’exil avec “ ses chimères” et le PHTK avec Martelli et Jovenel qui a donné au pays les “Brassards Roses” et, avec l’aide de la communauté Internationale maudite, ils se sont transformés en ce cauchemard macabre permanent qui traîne dans les chevilles du pays comme un boulet de galère depuis un bon bout de temps…
Et oui, malheur à ceux qui pensent que toute cette histoire de violence politique des “ Piquets “ aux terroristes de “ Viv Ansanm” est purement évènementielle, cyclique, conjoncturelle… Sans connection causale et conséquentielle sur les cataclysmes économiques et politiques s’agrippant au pays par ondes orageuses régulières.. Quel intérêt á vouloir nommer un protagoniste - un opérateur dans le lexique moderne- politique particulier dans une conjoncture particulière alors Que la vraie source est ailleurs ; vu Que la flamme de cette violence loin de s’éteindre s’amplifie à chaque période de nos crises socio politiques récurrentes ?
Quel intérêt à vouloir préciser que tel leadership politique a beaucoup plus mis ses pieds dans le plat que tel autre… ? Cela traduit non seulement une cécité historique mais une légèreté indescriptible dans l’approche sur la violence politique au pays qui pousse á un certain comfort de la part de la Société Haïtienne ignorant Ou s’adaptant tant bien mal à ses soubresauts meurtriers et destructeurs que l’état Haïtien, à visière levée, attise par à coups au lieu de chercher à l’enrayer…
Comment trouver une solution pérenne à la criminalité politique si les prémisses pour saisir sa reproduction nous renvoient toujours au pic , au sommet de la pyramide et non à sa base…
Alors, Que voulons-nous établir exactement en pointant du doigt à chaque période le ou les responsables de cette criminalité politique, barbare, inouïe dont font montre les déclassés de Notre Société ? Généralement, les populistes au pouvoir pour qui ils travaillent ou opposent dépendant des circonstances les encensent en les traitant de “Sublimes va-nu-pieds” , “Nobles Fils de l’arrière pays” leur donnant le champ Libre pour voler, violer, incendier, exproprier, déposséder et tuer. Au nom du pouvoir. Ou , comme dans le cas aujourd’hui, justifiant leurs forfaits parce qu’ils se considèrent comme des “ victimes” des injustices de la Société et de l’état...
Alors, ils prennent et achètent des armes non pour attaquer l’état mais leurs congénères Souffrant dorénavant d’une double oppression : celle de l’état, sournoise et perfide ; celle des milices sous Contrôle interne ou externe, centralisées ou métastasées, ouverte et mortifère à court et long termes…
Haiti vit dans cette “ merde cauchemardesque” depuis la Nuit des temps..avant et après son indépendance :
Avant son indépendance, on peut citer quelques cas de “ caractères” frustes et frustrés, motivés par un désir de vengeance extrême ou disposés à tout faire y compris trahir pour se tailler une place au soleil ou dans la Cour des grands en tuant et tronçant… Jeannot , par exemple Que Jean François et Biassou furent obligés de fusiller pour son instinct criminel sans bornes. (1792) . Puis, Cagnet, Mavougou, Va Malheureux, Petit Noël Prieur, Sans Souci Que Les officiers de l’état-major de l’armée indigène ont dû éliminer qui, pour leur treatises, qui pour leur insubordination et tous pour leurs forfaits et leurs tendances et penchants á la petite aussi bien que la grande criminalité sans aucun remords…
Après son indépendance, la liste des rebelles qui se ressemblent dans leur inanité et qui s’assemblent dans leur criminalité est plus qu’impressionnante. En tête de liste , Jean Louis Rebecca sous Henri Christophe dans la zone de Port-de -Paix. Puis, pour ne citer que les plus connus, Mérisier Jeannis sous Florville Hyppolite , Tellement célèbre, Alain Turnier de Jacmel lui a consacré un livre impressionnant, “Avec Mérisier Jeannis”.. Les généraux Jean Jumeau, Nord Alexis,, dans L’Artibonite et le Nord; puis un petit saut non vertigineux après 1957… Astrel Benjamin ( Les Cayes), Bertulien Pierre , Bertho ( Fort Liberté) , Zachary Delva ( Vallée de L’Artibonite), Rosalie Bosquet , Madame Max Adolphe ( Plateau Central), Luc Desyr/ Chimène/ Gerard E Louis, Raymond Charles ( le Nord), Eloïs Maitre, Ti Cabiche, Bòs Pent, Ti Bobo, Pierre Novembre, Ronald Camille Ou Cadavre, Amaral Duclona… Et tout le reste...Ils sont tellement nombreux ceux qui se rebellent ou prétendent se rebeller pour essayer de jouir des privilèges du pouvoir, tuant et intimidating pour pouvoir en jouir et se retrouvant malheureusement “Gros Jean” comme devant ou faisant face à une mort certaine quand le pouvoir politique qu’ils supportent ou opposent s’effondre…
Ils sont les plus connus . Sur lequels on a le plus écrit..Ce qui permet d’analyser leur comportement et actions dans le temps et comparer avec ceux qui, de nos jours, reproduisent le même schéma fait d’audace extrême, de belligérance obséquieuse, et d’insolence criminelle sans état d’âme…
Tous, globalement, sont originaires de zones géographiques et sociales de grand dénuement ou frappées d’abandon complet par l’état… Une fois armés,,ils sont devenus “ chefs”. Ils menacent et exécutent leurs menacent. Ils défient les autorités et pavanent dans Les rues avec un avis de recherche épinglé dans leur chemise à l’avant et à l’arrière.
La Société Haïtienne contemporaine endurant cette calamité de façon cyclique et répétitive se trouve dans l’obligation pas pénible de l’enrayer une fois et pour toutes …
Qui va jeter les bases, les jalons pour la construction de vraies institutions qu’on pourra qualifier de nationales parce que privilégiant et mettant en première ligne de d’attaque et de défense les intérêts d’Haiti et de son peuple... ?
“Haitiens, Travaillons “ Travaillons sans trêve “ Les yeux pleins de rayons “ Portant un grand rêve…. L’homme de lettres Capois , Christian Werleigh, s’adressait aux Lycéens du Cap dans son poème “Hymne aux Lycéens”; Lycéens, Haitiens, collégiens, tous un grand défi á lever: La reconstruction d’Haiti. Les mains à la pâte! “
Peyzan , peyzan Oh “ Peyzan , Peyzan Oh “ Se pa konsa peyi nou te ye… “ Ti Peyzan Tèt Kole, Jean Rabel. Etidyan , Etidyan oh Etidyan, Etidyan oh Se pa konsa peyi n ap rete … “ FENEH”
Que les grandes mobilisations des années 1987 /1988 reviennent pour obtenir justice pour Haiti! La lutte sera âpre et longue. Mais Haiti vaincra à la fin…Vive Haiti!
Comments