On ne peut pas reconstruire Haïti avec ceux et celles qui l’ont détruit
- Renouvo Demokratik
- 5 juil.
- 3 min de lecture
Par: Joseph Georges Duperval,
Coordonnateur Général de Bâton Jenès La.

Depuis plus de quatre ans, Haïti vit plongée dans une crise sans précédent, une crise qui dépasse largement la simple absence de gouvernance. Nous assistons à un effondrement total de l’État, planifié, entretenu et accepté par ceux-là mêmes qui se proclament aujourd’hui sauveurs. Cette faillite collective, doublée d’un cynisme orchestré, nous rappelle une vérité fondamentale : on ne peut pas reconstruire Haïti avec ceux et celles qui l’ont détruite.
À chaque nouvelle phase de chaos, nous voyons réapparaître les mêmes visages, les mêmes groupes politiques, sous des étiquettes différentes, convoquant assises, forums et conventions. Ils proposent des « nouvelles feuilles de route », des « sorties de crise », des « gouvernements de consensus », tout en se battant pour obtenir l’aval des chancelleries étrangères et le feu vert du Core Group.
Ce cycle est un piège dans lequel notre peuple retombe encore et encore. Au lieu de construire une véritable alternative unifiée, ces acteurs choisissent la division, mus par la recherche de visibilité et d’avantages immédiats. Derrière chaque forum, se cache la quête d’un poste ministériel, d’une promesse d’ambassade ou d’une rente politique. Ce n’est pas le peuple qu’ils cherchent à sauver, c’est leur place à la table des négociations.
Haïti est aujourd’hui un corps meurtri, un peuple blessé et humilié, abandonné à la merci de gangs armés qui règnent sur les quartiers populaires, d’une élite économique complice, et d’un pouvoir politique corrompu et illégitime. La population est prise en otage entre la peur, la faim et la trahison des élites. Pendant que des enfants meurent de malnutrition et que des mères pleurent leurs fils disparus, ces prétendus leaders s’adonnent à des jeux d’influence et à des marchandages stériles.
Ce constat accablant appelle une seule réponse : il est temps de tourner la page de toute une génération de politiciens. Nous devons rompre définitivement avec ceux et celles qui, depuis trois décennies, ont compromis l’avenir du pays pour servir leurs intérêts personnels. Le sang neuf dont Haïti a besoin, ce sont ces jeunes, ces professionnels, ces paysans, ces universitaires et cette diaspora qui refusent de baisser les bras.
Le changement réel ne pourra venir que d’une force populaire unifiée, portée par une seule voix claire et ferme. Il faut regrouper toutes les forces vives sous un label unique, non pas pour renégocier un partage de pouvoir, mais pour exiger le départ immédiat du Conseil présidentiel de transition et du Premier ministre actuel. Une seule plateforme nationale, soutenue par la population et les Haïtiens de l’extérieur, doit porter cette exigence devant la communauté internationale, non pas pour mendier une solution, mais pour imposer notre
souveraineté.
Haïti ne se relèvera pas sous la tutelle déguisée de l’OEA, de la CARICOM ou du Core Group. Nous devons cesser d’attendre que d’autres décident pour nous. C’est à nous de présenter une transition haïtienne, conçue par des Haïtiens, pour les Haïtiens.
Nous devons passer de la parole aux actes. Cela implique de mobiliser la rue, d’occuper les places publiques, de mettre la pression sur les acteurs internationaux pour qu’ils accompagnent la volonté populaire et non pour qu’ils imposent des solutions importées. Nous devons établir
des comités citoyens de vigilance, protéger nos quartiers, reconstruire nos communautés et restaurer notre dignité collective.
Il est temps d’oser la rupture. Il est temps d’oser rêver une Haïti différente, et surtout, d’oser la construire avec un nouveau leadership, honnête, courageux et profondément enraciné dans l’amour de la nation.
Aujourd’hui, nous devons dire non à tous ceux qui prétendent nous représenter sans jamais nous consulter. Non à ceux qui pactisent avec les bandits et vendent notre futur à l’enchère diplomatique. Oui à une génération nouvelle qui refuse la compromission et qui est prête à se battre pour la liberté, la justice et le développement réel.
Nous avons un devoir moral envers nos enfants et les générations futures. Nous devons leur offrir une Haïti digne, forte et souveraine. Et pour y arriver, il faut du sang neuf, une vision nouvelle et une détermination sans faille. Nous n’avons plus le luxe du temps. L’histoire nous regarde. Le peuple attend. Et la patrie nous appelle.

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