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Le chaos engendré par les gangs armés : un enjeu politique et social crucial.

Photo du rédacteur: Renouvo DemokratikRenouvo Demokratik

Par : Yvito Mackandal,

Membre du Réseau des Organisations

Zone l’Ouest (ROZO).

En réponse à l'éviction du Premier ministre Garry Conille, les gangs sont mécontents, mettent dehors leurs dents de scie, font des menaces qui se concrétisent par la mise à feu et à sang de Port-au-Prince. Le processus d’extermination de la population continue à faire son chemin, les écoliers sont gardés à la maison de peur qu’ils ne soient pas kidnappés et assassinés par les gangs. Tout cela démontre une fois de plus que les gangs ne sont pas indépendants comme ils veulent le faire croire, qu’il existe des liens étroits entre eux avec Garry CONILLE ainsi que les deux donneurs d’ordre, à savoir Michel Martelly et Laurent Lamothe.

Les déclarations de certains chefs de gangs laissant croire qu’ils ont été armés par les hommes de PHTK sont corroborées par deux rapports internationaux dont ceux des gouvernements canadien et américain. Le massacre des gangs ne fait pas seulement l’affaire politique de Martelly, mais également l’industrie d’armement américaine qui vend et qui exporte les armes sur le territoire haïtien dirigé vers les gangs à des fins de destruction massive de la population. Parallèlement le gouvernement américain impose un embargo d’arme à la police nationale, les classes populaires sont livrées à elles-mêmes face aux gangs qui peuvent opérer en toute quiétude.

A cause de l’opération des gangs, aucune condition nécessaire n’est créée pour organiser des élections libres et démocratiques, l’État sera toujours investi par des dealers de drogue, des corrompus, des marionnettes. Ce sont ces enjeux qui se jouent entre les hommes de PHTK supportés par les USA sur la scène politique. Il a fallu les gangs pour basculer le rapport des forces contre la population. Sur le plan interne la révocation de Conille débouchera sur un autre gouvernement qui réduira la marge de manœuvre de Michel Martelly dans le pillage des caisses de l’État. Cela ne veut pas dire pour autant qu’on mette fin à la corruption dans l’administration publique. Les gangs restent la seule garantie qui puisse assurer la mainmise de Michel Martelly sur les fonds de l’État.

Ce n’est pas pour la première fois que la population fait face à ce genre de situation. Cela est lié a un État anti-nation qui a toujours été dirigé par une classe d’hommes qui voient en la majorité de la population non pas des êtres humains mais des sauvages non doués de raison et elle est traitée comme telle. Cette majorité est exclue n’ayant pas accès à l’école, aux soins de santé, au logement, à la nourriture. C’est pourquoi à chaque moment historique sont créés des corps armés parallèles avec la police et l’armée régulière pour pouvoir contrôler les classes populaires. Aujourd hui, ce sont les gangs qui sont créés à cette fin, mais avant, nous avons connu le FRAPH, celui-ci est défini ainsi : Front Révolutionnaire Armé pour le Progrès Haïtien. C’est une organisation paramilitaire d’extrême droite de type escadron la mort qui terrorise avec les mêmes méthodes violentes des tontons macoutes (VSN, Volontaire de la Sécurité Nationale, le surnom des tontons macoutes). A l’instar de cette organisation existaient les attachés. Les tontons macoutes furent les sbires de la dictature des Duvalier. Les attachés furent l’œuvre des régimes militaires qui ont vu le jour après le départ des Duvalier, le 7 février1986. Alors que le FRAPH fut créé à la suite du coup d’État le 30 septembre 1991 en vue de consolider le coup d’État contre le gouvernement Préval-Aristide élu démocratiquement. Certes, ces structures de répression sur les masses populaires ne sont pas institutionnelles, mais elles sont toutes les œuvres des dirigeants à la magistrature de l’État, et font l’affaire des ennemis historiques du peuple haïtien.

Contrairement dans le passé, trois cents ans avant notre indépendance, les colons étaient venus en personne exécuter avec leurs propres mains le massacre de nos ancêtres. Cent ans après, en 1915 les États-Unis nous envahissaient et nous ont occupés pendant dix-neuf ans, ils détruisaient nos infrastructures agricoles, destituaient notre armée indigène révolutionnaire pour la remplacer par l’armée d’Haïti qui n’entretient que des rapports de répression avec la population, déstabilise le pays par des coups d’État criminels pour satisfaire les caprices des USA. Dès lors l’armée qui se définit par rapport à la défense nationale et la sauvegarde de la souveraineté nationale n’a plus cette mission après l’occupation du pays par les Yankees. Aujourd hui encore ce n’est pas parce que les colons ne sont pas présents en personne comme ce fut le cas avant 1804 et 1915 que nous ne sommes pas colonisés, nous le sommes jusqu’ à présent, puisque ce sont eux qui détiennent le contrôle du pouvoir politique.

A chaque moment historique la répression sur la population a pris de nouvelles formes comme le veulent les colons. Aujourd hui nous subissons le poids d’une colonisation par les gangs. A l’instar de l’esclavage et l’occupation américaine c’est la terreur, la panique. Ils nous imposent des politiques néolibérales qui détruisent notre production nationale. A cause des gangs les paysans ont abandonné leur jardin dans les départements de l’Artibonite et de l’ouest pour se retrouver ailleurs. Ce qui a provoqué la réduction de la production nationale au profit du riz américain. L’opération des gangs répond directement aux intérêts économiques des États-Unis. Le phénomène des gangs est l’œuvre des gouvernements qui arrivent au pouvoir grâce au support de yankees. Le problème des gangs est politique et comme tel il ne peut être résolu que s’il y a au pouvoir un régime politique qui prenne des mesures politiques drastiques visant à le déraciner.

Le phénomène des gangs est lié à un ensemble de conditions sociales qui ont trouvé leur source dans l’accaparement des richesses du pays par une minorité de riches qui exploitent les ouvriers. De telle contradiction est renforcée par un État corrompu pour donner lieu à la misère, la pauvreté. Cette situation socio-économique des masses populaires est exploitée par les dirigeants, la classe d’affaire, les USA pour créer les gangs comme moyen de se maintenir toujours au pouvoir. Une fois les gangs sont créés ils contrôleront la population, toute tentative de soulèvement et de mobilisation des masses sera neutralisée, l’ordre établi fondé sur l’exploitation de la classe ouvrière par les capitalistes sera toujours conservé. L’insécurité ne peut pas être résolue par un simple discours, le problème est politique social et historique, on ne peut apporter valablement une réponse la question que si on dégage les causes à effet expliquant le phénomène des gangs.

Fort de cela, il faut adopter une politique fiscale consistant à prendre aux riches pour donner aux pauvres, la lutte contre la corruption doit être réelle, sérieuse et efficace. Cette lutte doit conduire au recouvrement des fonds publics qui seront utilisés à des fins de développement social et économique en faveur des classes populaires. Cela passe par des enquêtes sur l’enrichissement illicite des comptables de deniers publics et l’état des lieux de leur patrimoine. Les pistes d’enquête seront non seulement l’audition mais aussi les banques, la Direction générale des impôts, l’office des notaires. Il faudra rechercher d’autres voies de coopération internationale sincère qui puisse nous aider à juguler l’insécurité qui terrorise la population. Le gouvernement doit étatiser tous les ports afin d’avoir le contrôle de tous les produits qui entrent dans le pays, particulièrement les armes, les munitions destinées aux gangs, les drogues qui constituent les sources de l’insécurité. Les institutions républicaines ayant la mission de sécuriser la société doivent être renforcées et dotées des experts en la matière. L’insécurité est profonde, il est important d’impliquer la population dans cette lutte ce qui nous permettra d’aboutir à des résultats satisfaisants.

L’insécurité est profonde et multidimensionnelle. A par les gangs qui font de l’argent avec facilité, leurs parrains et leurs marraines dont l’existence politique en dépend, tous les secteurs de la vie nationale en sont victimes. Conscient de cet état de fait on pensait que les successeurs d’Ariel Henri auraient réfléchi jour et nuit pour savoir que faire pour résoudre le problème. Malheureusement c’est le contraire qu’on constate. C’est plutôt un conseil qui se bat entre eux pour le contrôle des ministères et des directions générales. A peine leur installation ils sont déjà impliqués dans le scandale de BNC Leur objectif est de s’enrichir des caisses de l’État, les mêmes pratiques qui ont été reprochées à l’équipe mafieuse de PHTK. Vu le contexte difficile que nous vivons, il n'y a pas de place pour les chercheurs d’aliments ni pour les traitres à la nation. Il est temps de mettre fin à cette pratique, à chaque nouvelle équipe gouvernementale ont vu le jour de nouveaux riches.

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