Haïti : le cercle vicieux de la manipulation, de la corruption et de l'intervention étrangère.
PAR : Novavox,
Notre Editorial.

Haïti s'enfonce davantage dans la violence après que des groupes armés ont tué près de 200 personnes le weekend écoulé. Soulignant l'incapacité de la Police nationale d'Haïti, de la Mission multinationale et du gouvernement de transition à rétablir la sécurité en Haïti, l'organisation de défense des droits humains, Human Rights Watch, a exhorté le Conseil de sécurité des Nations Unies à envisager de nouveau l'envoi d'une mission de maintien de la paix en Haïti. La gouvernance en Haïti a été marquée par d'importants bouleversements au cours des cinquante dernières années, période durant laquelle la manipulation, la corruption et l'ingérence étrangère ont fréquemment pris le pas sur une démocratie authentique et le bien-être de la population. Un regard sur cette période tumultueuse nous aide à comprendre les défis actuels et futurs du pays.
Un Héritage de Mensonge
Les gouvernements successifs en Haïti ont recouru à la manipulation comme moyen de maintenir leur emprise sur le pouvoir. Par exemple, François Duvalier a feint de promouvoir l'éducation pour légitimer sa dictature. Toutefois, derrière cette façade se dissimulait un régime oppressif, marqué par la suppression de la liberté d'expression et l'emprisonnement ou l'assassinat de nombreux dissidents. Malgré ses promesses d'améliorer l'alphabétisation, les faits étaient tout autres : en 1971, le taux d'alphabétisation n'atteignait que 20 %. Ce taux est resté stagnant, et l'économie a continué à être fragile, avec une large part de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté.
L'utilisation de l'intervention militaire comme instrument politique
Le mouvement Lavalas, malgré ses promesses initiales de changement, a été entravé par douze années consécutives d'interventions militaires. Toutefois, au lieu d'apporter la paix, ces interventions militaires ont mené à une instabilité marquée par des coupures budgétaires et des crises sociales. Lavalas a pris des mesures pour ce qu'il appelait une "démocratisation" du pays, mais ces actions s'accompagnaient souvent de violences et de tensions. Pendant douze ans, le peuple haïtien a enduré une alternance de promesses non tenues et d'interventions militaires, culminant dans un sentiment général de désespoir.
Un récent rapport des Nations Unies sur l'impact des interventions en Haïti souligne que 85 % des Haïtiens interrogés estiment que ces efforts n’ont pas résolu les véritables enjeux structurels, tels que la pauvreté et l'instabilité politique, laissant la population dans un état de désespoir continu.
L'affaire Petro Caribe ou la fabrique de la corruption
Plus récemment, le régime PHTK a été au cœur d'un autre grand scandale. Avec un gaspillage présumé de 5,9 milliards de dollars provenant des fonds Petrocaribe, le pays a vu naître le cri de ralliement : "Kote Kob Petro Caribe a ?". Ce scandale a non seulement sapé la confiance du public envers les élites politiques, mais a aussi alimenté le ressentiment populaire contre une classe dirigeante perçue comme inefficace et cupide.
Le PHTK, se déclarant champion du changement, a en fait peaufiné les mêmes tactiques de corruption et de mauvaise gestion qui prévalaient avant son arrivée au pouvoir. Dans ce contexte, la colère du peuple s'est intensifiée, alors que ceux qui étaient censés être des leaders se comportaient davantage comme des prédateurs du système.
De 2010 à 2018, les Haïtiens ont vu leurs conditions de vie se détériorer, avec un taux de pauvreté atteignant 60 % en 2020. Alors que les dirigeants continuaient à exploiter ces ressources pour leur enrichissement personnel, la confiance du public envers le gouvernement s'est effondrée.
Le CPT: Un Héritier aux Failles
Aujourd'hui, le Conseil de la Transition Politique (CPT) se présente comme l'héritier des défauts des administrations précédentes. Confronté à un scandale de corruption massif, le gouvernement actuel n'a pas réussi à répondre aux besoins essentiels des Haïtiens. Malgré ses promesses de changement radical, le CPT est souvent affublé du nom peu flatteur de "gang à cravate" par ses opposants. Ce terme illustre la perception croissante que le CPT n'est pas un gouvernement, mais plutôt un groupe d'individus plus préoccupés par leur enrichissement personnel que par le bien-être du peuple. Les scandales et l'incapacité persistante à résoudre les problèmes mettent en lumière la précarité de la confiance envers les institutions haïtiennes.
Le CPT est également critiqué pour ses promesses vides. Les crises se succèdent sans que le gouvernement ne soit en mesure de fournir des réponses efficaces. Les promesses de réformes ambitieuses ne semblent être que des mantras, stoïquement récités par des leaders qui restent sourds à la détresse de leur peuple.
En dépit de cette situation chaotique, le CPT continue de solliciter une mission de paix de l'ONU. Pour beaucoup de Haïtiens, ces missions sont perçues comme des ingérences, et non pas comme un soutien bienvenu. Selon un sondage de 2021, 70 % des Haïtiens souhaitent que leur pays trouve ses propres solutions plutôt que d'accepter des mesures imposées par l'étranger. Les risques de nouvelles ingérences étrangères soulèvent des préoccupations. Les Haïtiens sont lassés d'être les victimes d'une politique internationale qui paraît plus soucieuse d'intérêts géopolitiques que de leur bien-être collectif.
Les conseillers présidentiels paraissent souvent éloignés des réalités. Les engagements du CPT se remarquent par leur faible impact. Au lieu de s'attaquer à des enjeux cruciaux comme la pauvreté, la violence ou les infrastructures en ruine, ils préfèrent des discours sans réelle portée. Ces déclarations creuses ne font qu'exacerber la défiance entre les dirigeants et les citoyens, nourrissant un mécontentement envers des responsables qui paraissent fréquemment se dérober à toute responsabilité.
Les Profiteurs du Système
Malgré cet environnement tumultueux, ceux qui profitent du système semblent se voir comme des leaders, voire des sauveurs. Leur incapacité à répondre aux exigences du peuple n’affecte pas leur perception d'eux-mêmes. Ils continuent de jouer un rôle central, cachés derrière leur statut, repoussant toute forme de responsabilité. Ce paradoxe souligne la nécessité d'une prise de conscience collective chez le peuple haïtien. La libération des chaînes de la corruption et de la violence ne peut être réalisée qu'à travers une solidarité populaire et une ferme détermination à redéfinir les attentes envers ces prétendus dirigeants.
En somme, l'analyse de la gouvernance populiste en Haïti sur les cinquante dernières années met en lumière des motifs récurrents de manipulation, de corruption et d'intervention étrangère qui ont laissé une empreinte indélébile sur la société. Le peuple haïtien reconnaît qu'il est impératif de se défaire des dirigeants incompétents et des factions armées. Des solutions tangibles et pérennes sont nécessaires. Pour briser ce cercle vicieux de corruption et d'inefficacité, il est essentiel que la population s'unisse pour établir une gouvernance transparente et responsable. L'espoir d'un avenir meilleur pour Haïti demeure intact, mais il nécessite un engagement collectif et déterminé pour redonner à la nation son intégrité et sa dignité.
Je découvre à peine votre blog et je trouve séri
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